Edito

Avez-vous vu les premières primevères, les premiers crocus, les premiers bourgeons ?

 

 

 

 

Ah ! que mars est un joli mois !

C’est le mois des surprises.

Du matin au soir dans les bois.

Tout change avec les brises.

Le ruisseau n’est plus engourdi.

La terre n’est plus dure.

Le vent qui souffle du midi.

Prépare la verdure.

Le rossignol n’est pas venu.

Rempli de douces notes.

Mais déjà sur le hêtre nu.

Résonnent les linottes.

Par-dessus la haie en éveil.

Fier de ses fleurs écloses.

On voit le pêcher au soleil.

Ouvrir ses bourgeons roses.

Gelée et vent, pluie et soleil.

Alors tout a des charmes.

Mars a le visage vermeil.

Et sourit dans ses larmes.

Alfred De Musset

Mars nous invite à la promenade, et malgré nos années cumulées, nos yeux s’écarquillent toujours devant le spectacle du renouveau. A bien y réfléchir ce merveilleux mois au cours duquel toutes les couleurs tendres animent les vies, est aussi un moment qui aspire à la méditation. Je ne parle pas du ressassement des pensées qui érodent notre psychisme, je parle de celles qui nous font atteindre la sérénité de notre conscience.

Méditer c’est tourner son esprit vers l’essentiel de façon délibérée et ceci a pour conséquence notre transformation. La méditation est à notre cerveau ce que l’exercice physique est à notre corps. Le type de méditation que j’évoque ici est la pleine conscience. C’est la forme la plus simple de la méditation, le socle commun à toutes les autres formes. Ce qu’on appelle la pleine conscience consiste à se rendre présent à ce que nous vivons. Elle se rapproche à ce que l’on nomme en spiritualité, la contemplation. Pour mieux éclairer mes propos prenons la définition que donne à la méditation André Comte-Sponville ;

  • C’est l’attitude de la conscience quand elle se contente de considérer ce qui est, sans pour autant vouloir le posséder, l’utiliser ou le juger.

Méditer, contempler sans attente, représente une expérience aussi simple qu’habituelle. En général nous sommes plutôt tournés vers nos objectifs matériels ou existentiels. Ce faisant nous prenons le risque de vivre en pleine inconscience, sans recul, dans une course sans fin où nous nous épuisons à répondre à toutes les demandes de vie d’adulte. Pour autant, méditer ne nécessite pas de quitter la vie active comme rentrer dans un monastère mais au contraire méditer conduit à une forme de présence accrue au monde, aux autres et à soi-même. C’est probablement la manière la plus puissante d’accéder à sa vie intérieure. C’est prendre du temps pour observer en nous et autour de nous. Dans la méditation tout commence par une présence attentive à nos ressentis, instant après instant. Méditer n’est pas se relaxer, c’est explorer. C’est se pencher sur ce que nous savourons, ou sur ce dont nous souffrons et comprendre ainsi peu à peu comment nous pouvons amplifier nos joies et alléger nos peines. Ecoutons attentivement les sons autour de nous, restons en lien avec le monde au lieu de le fuir. Observons nos pensées, leurs apparitions, leurs vagabondages et si elles nous amènent vers le passé ou le futur revenons au présent, si elles nous transportent ailleurs qu’ici, revenons ici. Naturellement notre esprit juge, se projette alors revenons à ce qui est. Apprenons-lui à ne rien faire attentivement ou inconsciemment. Ne rien faire !

Mais dans notre vie quotidienne nous sommes persuadés que ne rien faire ne mène à rien. Détrompons-nous, ne rien faire mène parfois à tout.

DS

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