Edito

« papy-mamie-boom »

De génération « baby-boom », les années cumulées nous ont lentement transformés en génération « papy-mamie-boom ». Si on se place aujourd’hui en tant qu’observateur analysant ce passé récent, il nous est difficile de nier que grâce à la période de reconstruction qui a suivi la seconde guerre mondiale, nos vies respectives ont été dans l’ensemble, riches et pleines. Riches d’une grande liberté retrouvée et pleines d’un confort apporté par tout un cortège de progrès scientifiques. Sans être outrancièrement pessimiste pour le futur on peut dire que les années que nous avons vécues et que Fourastié a appelé  » Les Trente Glorieuses  » furent des années de privilège que les générations actuelles voire futures ne connaîtrons pas de sitôt. Pour nous, le chômage était anecdotique, on quittait un emploi le vendredi pour en retrouver un autre le lundi suivant. Certes nous avons travaillé dur et nous avons été rentables pour nos entreprises mais ce que nous faisions, nous le faisions sereinement et dans un but précis, la collaboration au sens positif du terme.

Aujourd’hui, la donne a changé. Le marasme régnant en Europe, les retraités sont vus comme des nantis ayant plus gaspillé que produit. Certes nous avons été gourmands seulement le péché de gourmandise n’est réel que lorsqu’on n’a plus faim et au sortir de la guerre il faut garder à l’esprit que nous avions encore faim. Oui à un moment donné nous sommes devenus des enfants gâtés peu précautionneux cependant la situation financière que nous connaissons aujourd’hui est indépendante de nos comportements.

Une globalisation mise en place par des marchés financiers pervers voire mafieux impose aux entreprises qui veulent survivre, le dictat de la rentabilité à tout prix. On assiste à une rationalisation extrême du travail qui implique même dans les entreprises les plus paternalistes, des cadences folles, des réductions de poste de travail, une pression constante, l’ensemble produisant cet épuisement professionnel qui ne nous affectait pas, le  » burn-out « . La cannibalisation des emplois par les automatisations toujours plus performantes crée un chômage prolongé bouleversant au passage les classes sociétales ; paupérisation des classes moyennes et détresse des classes les plus pauvres, l’ensemble conduisant aux extrémismes. L’Europe voit renaître ces vieux démons nostalgiques du nazisme et dangereux pour la paix.

Et nous, qui sommes-nous dans cette histoire ? Des auteurs ? Des spectateurs ?  Des passants ? Un peu tout cela bien sûr. Avons-nous encore un rôle à jouer dans cette société ? Certes nous ne pouvons plus exiger, nous ne pouvons que convaincre pour obtenir. Devons-nous être solidaire de cette situation qui tourmente aujourd’hui les personnes actives, voire nos enfants ou rester simple témoin d’une époque qui s’oppose diamétralement à celle que nous avons vécue ?

Les valeurs financières composant notre caisse de fondation s’effritent un peu ce qui génère parmi nous une certaine inquiétude d’autant qu’un sentiment de frustration peut se fait sentir dans la mesure où la valeur des rentes stagne depuis bientôt une dizaine d’années, et si nous poussons plus loin, il n’est pas faux de dire que cette stagnation, de par l’inflation, ampute une petite partie notre pouvoir d’achat. Seulement voilà, le rallongement de la durée de vie des pensionnés, les taux de placement négatifs pour beaucoup de produits financiers et la diminution du personnel cotisant dans les entreprises font que nous sommes aujourd’hui devant le dilemme suivant ; pouvons-nous demander une revalorisation de nos retraites sachant que seules une baisse du taux de conversion du capital acquis pour les futurs retraités ainsi que l’augmentation des taux de cotisation des actifs sont le remède pour palier à cette hypothétique revalorisation ? C’est ici que naît un paradoxe ; nous désirons voir fleurir nos intérêts sans que cela impacte nos successeurs qui sont aujourd’hui à la peine et ceci au nom de la solidarité. Cependant vouloir les deux choses relève de l’utopie. La réponse est malheureusement manichéenne, elle exclue toute tergiversation .

Alors ?….

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