Edito

L’expérience de la fuite du temps.

 

« O temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices

Suspendez votre cours !

Laissez-nous savourer les rapides délices

Des plus beaux de nos jours !

« Assez de malheureux ici-bas vous implorent :

Coulez, coulez pour eux ;

Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;

Oubliez les heureux.’’

Alphonse de Lamartine

Se regarder vieillir, voir les enfants grandir, apprendre la mort de proches, le temps s’écoule vite et il est compliqué d’en comprendre la nature exacte à l’image de St Augustin qui écrit dans ses confessions ;

  • Qu’est-ce donc que le temps ? quand personne ne me le demande je le sais, dès qu’il s’agit de l’expliquer je ne le sais plus.

Nous sommes condamnés à percevoir le temps de manière subjective. Les travaux scientifiques montrent que le cerveau humain n’est pas bien équipé pour évaluer la notion de durée. Ces recherches révèlent que le temps perçu dépend de nos émotions et de notre attention. Si nos émotions sont agréables le temps passe vite et dans le cas contraire les secondes peuvent paraitre interminables.de même si notre attention est captivée nous oublions toute forme de durée finalement c’est comme si nous passions notre vie à oublier que le temps s’écoule parce que cela nous angoisse à cause de la mort, chaque second nous rapproche de notre fin

  • Vulnerant omnes, ultimat necat. (Toutes les heures blessent, la dernière tue).

Ecrivaient les latins sur leurs cadrans solaires à propos du défilement des heures. Dans l’éternité le défilement des heures n’a aucune importance puisque le temps n’a pas de fin, mais dans la vie humaine c’est une autre histoire alors nous aspirons à l’éternité sous sa forme la plus accessible, la plus humaine, la durée, la pérennité cette vertu d ce qui dure non pas toujours mais longtemps. Jean Marie Le Clézio parle de la douce, la vertueuse pérennité de l’existence. C’est pourquoi nous sommes rassurés, apaisés par les choses qui reviennent toujours, comme le cycle des saisons, nous sommes consolés par la fréquentation et la fréquentation des lieux qui nous semblent immuables comme les grands espaces naturels comme les mers les forêts, les montagnes, ciel. Et puis il y a ces deux antidotes, le bonheur et la présence. Le bonheur d’abord, durant les moments où nous sommes heureux et où nous vivons notre bonheur au lieu de l’observer comme le font les inquiets, le temps n’existe plus. Tout bonheur auquel nous nous abandonnons totalement nous donne un gout d’éternité. La présence ensuite, lorsque nous sommes totalement présents à ce que nous vivons, absorbés par nos gestes, nos sensations, nos réflexions, le temps s’immobilise, les inquiétudes se dissolvent. Ainsi dans les moments où l’on est heureux, où l’on est présent, le temps s’immobilise ce qui, à défaut de l’éternité elle-même ces moments nous donnent un répit à son inaccessibilité et c’est mieux ainsi, parce que comme le dit Woody Allen, « l’éternité c’est long, surtout vers la fin ».

Pour ma part, je suis plus terre-à-terre et je dis que pour faire durer le temps il faut ‘’s’em…der’’, mais cela je ne le souhaite à personne.

ds

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