Edito

Mais où donc faut-il vieillir ?

 

 

l’« Affaire Orpéa » scandale qui a révélé certaines maltraitances infligées à des résidents d’Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD), rend peu enclin à faire appel à ce genre de structure pour s’y intégrer ou y intégrer des proches âgés.

Mais alors que vont faire les ‘’vieux’’ ?

Tous ces EHPAD ne sont pas des lieux de torture loin s’en faut.

Conscient de l’exclusion dont les personnes âgées peuvent pâtir dans ces lieux, on tente d’y intégrer une dimension intergénérationnelle (accueil ponctuel d’enfants pour un repas ou une garderie, reproduction de places de village factices, installation de commerces, de services, de restaurants, etc.). L’impact de ces initiatives restent souvent sans effets car c’est bien de peur, de peine, de rejet parfois, voire même d’effroi, dont il s’agit en réalité pour les visiteurs d’EHPAD qui découvrent la réalité du grand-âge. En réalité l’altérité de ces personnes âgées dépendantes dérange, elle angoisse même certains résidents qui ne s’identifient pas aux « autres ». A l’évidence, l’évolution socio-démographique actuelle laisse penser que le degré de dépendance sera de plus en plus avancé à l’entrée en établissement, et que la réponse se trouve dans une médicalisation de ceux-ci.

Alors quels modèles doivent avoir les EHPAD à l’avenir ?

Une devise est avancée ; ‘’Un lieu de vie où l’on est soigné et non un lieu de soins où l’on vit’’. Cependant toutes les meilleures volontés du monde n’effaceront pas de l’esprit le sentiment que les EHPAD sont le dernier lieu d’un séjour fatal.

Le maintien du domicile comme lieu de vie de la personne ?

C’est le choix de prédilection pour chacun d’entre-nous. Du moins le croit-on. C’est le lieu de son histoire, d’attachement et d’identité. Ce choix, toutefois, ne tient pas toujours compte du vieillissement et des fragilités qui en résultent, ni de ses conséquences possibles sur l’autonomie fonctionnelle et cognitive. Cela implique des sacrifices qui font parfois de cet espace une contrainte, un lieu d’isolement qui représente aussi un investissement difficile à supporter, tant sur les plans médicaux, psychologiques qu’économiques. Le domicile peut rapidement devenir une plaque tournante des services à la personne. (J’ai personnellement connu le maintien à domicile d’une dame qui pendant 15 années a nécessité la venue quotidienne de 2 infirmières, 1 femme de ménage, 2 aides-soignantes, 1 personne portant des repas).

Revenir aux temps immémoriaux.

Le monde rural bien souvent accueillait ses aïeuls dans sa vie quotidienne sans toujours se préoccuper de la place qu’occupaient effectivement ces derniers dans le domicile, ni même et surtout de l’inadaptation des soins qu’on leur promulguait. Cette époque révolue émane en partie d’un choix mutuel : celui d’une génération qui n’a pas souhaité imposer sa présence à ses enfants, et celui d’une autre dont les activités professionnelles et les modes de vie ne permettent plus de se plier à cette formule.

La vieillesse est une phase de la vie handicapante pour ceux qui la subissent et crée une situation d’inconfort pour les actifs. La tendance des sociétés occidentales libérales est de mettre en avant la beauté, la force et la performance. De là le grand âge peut être perçu comme une intrusion dans un monde de performances mais beaucoup d’états ont su développer le social pour éviter l’âgisme.

DS

Retired Couple Sitting On Bench With Hot Drink In Assisted Living Facility

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