Cette année les jubilaires étaient au nombre de 9 et Givaudan toujours bon père de famille n’a pas failli à la tradition d’honorer ses anciens collaborateurs. Madame Zobel Lydia et Monsieur Le Givre Dominique Directeur du site Vernier, ont présidé une réception conviviale, riche en souvenirs, verrines, petits fours et boissons douces.
A L’issue d’un discours fait par la direction Givaudan qui a rappelé le rôle important de chacune des personnes dans la réussite de Givaudan devenu leader mondial de la parfumerie, un diplôme d’honneur a été remis à chaque récipiendaire ainsi qu’un coffret de trois bouteilles de vin.
C’est ainsi qu’ont été mis à l’honneur,
Madame Weyler Caroline
Mr Vanier Jean
Mr Gendron Claude
Mr Szabo Attila
Mr Sager Willy
Mr Heubi Werner
Mr Grunder Marcel
Mr Noth Paul
Excusé : Mr Sambeth Joerg (à Grasse)
Madame Weyler Caroline, (qui est de loin la plus prolixe dans ses souvenirs et on l’en remercie).
- « Si tu peux entrer chez Givaudan, fais-le, c’est une bonne maison suisse. » Je suis ce conseil, et le 1er octobre 1964, j’entre chez Givaudan Vernier en qualité de secrétaire au Département des Recherches appliquées et Service Contrôle de Qualité. Tout de suite je m’y plais. Me plais dans ce bâtiment (ancien bâtiment de la Direction), dans les relations humaines, décontractées, amicales. Une chimiste a permission de garder ses deux chiens dans la cour : Pat, vieux chien de chasse, et Caroline, petite caniche noire et vive. Monsieur Xavier, co-fondateur de la Société, fait quotidiennement sa ronde, accompagné par Monsieur Pierre, son chauffeur. Une société pas tout à fait comme les autres. Pour la petite histoire : plus tard, je sauverai Pat d’une mort atroce. Lors d’une vidange du Rhône, Pat partira à la chasse aux canards. Appelée par les cris de Dorothée, je trouve Pat embourbé jusqu’au cou. La petite Caroline court sur la rive, affolée. Sans souliers et en combinaison, je prends appui sur une pierre, et avec l’aide de Dorothée, j’arrive à sauver Pat in extremis. Pendant plusieurs jours, j’embaume mon bureau avec mon nouveau parfum, « Eau du Rhône », à la note de fonds très tenace.
- Ne me sentant pas assez occupée, je me promène du côté des chimistes de recherche et je tape leurs rapports. Cela aussi me plaît, c’est l’occasion de sortir mes bouquins de chimie organique. Seule difficulté : je ne sais pas distinguer les « o » de M. Tullen de ses « a », et me trompant donc dans les alcools et les aldéhydes, je ne parviens pas à satisfaire l’auteur. Mais il ne m’arrache pas la tête.
- Je coule quelques années heureuses. Je me joins aussi à la Section Montagne : merveilleuses courses avec de bons camarades. Puis, après la construction du bâtiment 67, dans lequel nous déménageons en 68. « Mon » service prend de l’ampleur. Il devient Créations et Applications. Et maintenant ma mémoire se brouille quant aux dates : 1974, 1976 ? élargissement, restructurations successives, pour améliorer notre créativité, mieux servir nos clients. Ce qui est devenu la Division Parfumerie Groupe finit par réunir sous sa responsabilité les activités de Recherches appliquées, de Création, de Marketing et de Vente, aussi bien pour les filiales que pour les marchés à agents.
- Ai-je pu suivre cette évolution ? On plaisantait beaucoup à l’époque au sujet du dépassement de la limite de compétence. Il avait aussi été constaté qu’une secrétaire ne risquait guère d’être promue au-delà de ses limites de compétence, et qu’elle pourrait donc rendre de bons services tout au long de sa carrière. Alors …
- Je ne me suis jamais ennuyée. Des parfums et des fleurs à en rêver. Des parfumeurs venant vous trouver pour sentir leurs créations « sur la bête ». Dialoguer autour du parfum. Encourager le créateur qui doute de son œuvre, et quelle joie quand son parfum devient en effet un grand succès …
- Atmosphère cosmopolite. Travailler en plusieurs langues. Rencontrer les gens des filiales. Respirer ce parfum du Midi apporté par nos parfumeurs de Grasse. Le monde est grand !
- Travailler dur mais aussi rire. Aujourd’hui encore, au téléphone avec mon ancienne assistante : « Tu te souviens ? On pleurait, tellement on riait ! » Ah, nos années dorées chez Givaudan !
- Un dernier changement pour moi. Mon chef part fin 1981. Flottement. Un successeur ne se trouve pas du jour au lendemain. J’ai pourtant beaucoup de chance : je peux rester à mon poste. Le nouveau directeur nous vient du Québec, et je me souviens de notre première matinée : « Karoline, il faut que tu m’achètes un cadran ». J’ai dû froncer les sourcils, car il enchaîne : « Tzais, t`en a un sur ton bureau ». « Ah, vous voulez que je vous achète une montre ? » « Oui c’est ça, tu m’achèteras une montre ». Alors je lui achète sa montre, je m’occupe de la valise de son char, et nous voilà partis pour 7 années de bonne collaboration, de 1982 à 1989.
- Mais finalement je me lasse d’un travail qui évolue vers toujours plus de « paperasse » : qu’il faut trier, copier, distribuer, digérer, classer … Je sais, aujourd’hui on fait « clic » et le tour est joué, mais à l’époque, la pointe du progrès, c’était le traitement de texte. D’autre part, mes parents en Allemagne prennent de l’âge. Un nouvel engagement m’attend. Je décide de prendre une retraite anticipée. Comment mon chef va-t-il accueillir cette nouvelle ? Mais lui, soulagé, m’informe de sa décision de retourner dans son Québec natal. Alors tout va bien. Lui part fin 89, moi, je passe encore quelques mois avec le nouveau directeur, ma remplaçante déjà en place. Et puis, en été 90 …. Non, pas de pleurs.
- Ce que je ne pouvais prévoir : peu de temps après, mon poste et qui plus est, »ma » Division n’existent plus. Givaudan se trouve à la veille d’un grand changement.
- Ma décision d’entrer chez Givaudan avait été la bonne. Le moment choisi pour me retirer est, lui aussi, le bon.
- J’ai peint un tableau avec beaucoup de lumière ? Oui. J’ai vécu de belles années,
- Mais ce tableau n’est évidemment pas complet. La vie d’une société, tout comme la vie d’un homme, est faite de lumière, d’ombre, et de clair-obscur. Une société, même la mieux dirigée, subit les lois de son environnement. Et elle n’est à l’abri de surprises ni à l’extérieur, ni à son intérieur. Son personnel en subit les conséquences. Et s’il y a ceux qui s’en tirent bien, il y a aussi ceux qui souffrent et ceux-là, je ne veux pas les oublier.
- Que reste-t-il ? Des brassées de souvenirs. Des amitiés pour la vie de par le monde : Argentine, Angleterre, Allemagne, Suisse. Beaucoup de gratitude. J’ai donné avec un sens aigu du devoir, mais aussi avec – oui, avec plaisir. Et j’ai beaucoup reçu.
- Merci, Givaudan. Merci, la Vie. Karoline Weyler
Monsieur Vanier Jean
Entré en 1954 comme ouvrier de fabrication, je suis resté 12 ans dans le secteur du contremaître Paul Grivet dont 4 années dans l’atelier d’hydrogénation. J’ai suivi les cours de formation en génie chimique donnés par Mr Gilbert Pahud.
Des ennuis de santé ne m’ont pas permis d’être nommé contremaître comme cela avait été prévu.
J’ai été responsable pendant quelque temps de l’entrée des produits à l’atelier de distillation 170.
Puis avec Mr Denogent pour la planification de fabrication des produits avant d’être affecté au service informatique jusqu’à la retraite.
Monsieur Gendron Claude
Claude est arrivé à Genève à la fin de novembre 1960, depuis le pays du bon vin c’est-à-dire Bordeaux pour Vernier plus précisément et pour commencer en fabrication durant 3 mois avant de tomber malade pendant 2 mois. C’est alors qu’il est transféré au magasin matériel où il fera toute sa carrière pour en repartir au mois de février 1992.
Claude est un bon vivant très actif sur le plan sportif (tennis de table, pétanque, longue, boule lyonnaise, football)
Claude est habité par de merveilleux souvenirs que lui a procuré les rencontres avec Givaudan-Lyon sans oublier les parties de yass après les repas rapidement avalés.
Claude est marié à Geneviève. Ils auront un fils Pierre (conducteur de train) et une fille Thérèse (éducatrice pour handicapés).
A noter que samedi dernier il a participé au tournoi de pétanque Givaudan à 85 ans. Chapeau Claude, il faut le faire.
Monsieur Heubi Werner
Werner est un pur Verniolan né à la maternité de Genève puis monté à Vernier qu’il n’a plus quitté malgré l’effondrement partiel de sa maison familiale. Entré chez Givaudan en 1955 et affecté à l’atelier 27 et 28, il s’est d’abord occupé de la fabrication du musc ambrette puis de toute la série des muscs pour terminer son parcours aux ateliers 204 et 205 en 1992. Marié à Marie Rose, il a deux enfants, Marylène et Rudolph.
Monsieur Szabo Attila
Voici le descriptif de mon activité chez Givaudan.
Givaudan m’a engagé comme ingénieur de projets en l’an 1963.
Ayant été formé à l’industrie chimique baloise, le niveau des installations de production chimique de Givaudan à l’époque m’ont fait l’impression de pièces de musée, mais cela a en fait été une chance pour moi qui a pu refaire toute l’usine à neuf pendant mes presque 30 ans d’activité chez Givaudan en étroite collaboration avec mes éminents collègues chimistes et ingénieurs ainsi qu’avec les chimistes et ingénieurs de Hofmann la Roche à Bâle.
C’était mon désir lorsque je suis arrivé chez Givaudan qu’il reste quelque chose de moi à cette entreprise et je crois que ce désir c’est merveilleusement réalisé.
Monsieur Grunder Marcel
J’ai été engagé chez Givaudan le 1 juin 1958. Je suis entré à la calculation des prix de revient.
En 1962, lorsque JP Wanner a repris les services comptables, je suis devenu responsable de la comptabilité générale de Givaudan SA lors de la création de la société d’exploitation avec un effectif de 10 personnes. Puis j’ai été nommé fondé de pouvoir.
J’ai dès ce moment assuré l’établissement des bilans et comptes de résultats, que nous devions soumettre à l’organisme de révision (OFOR) comme le veut la pratique comptable pour les sociétés anonymes.
Je devais également assurer les résultats de Givaudan SA devant le service fiscal HLR.
Ceci jusqu’à ma retraite fin décembre 1992 à l’âge de 60 ans. GRUNDER MARCEL
Monsieur Noth Paul
J’ai quitté le canton de Fribourg pour Genève en 1953 et débuté ma carrière professionnelle chez Givaudan SA le 15 juillet 1955 dans le secteur cosmétique (atelier 183-189), pour ensuite être affecté à la cristallisation du G4 (atelier 194), puis à la fabrication du G11 (atelier 195-196).
Après avoir suivi des cours d’opérateur en chimie, j’ai été nommé aide-contremaître puis contremaître à la fabrication des Friedel Craft (bâtiment 210).
En 1977 le secteur lilial (bâtiment 150-160), les butilations, l’Amphisol et les muscs nitrés du (bâtiment 166) m’ont été confiés. J’ai également participé à la mise en service de la rectification en continu du lilial, (l’atelier).
J’ai pris une retraite anticipée en décembre 1992 après 37 ans de service.
Monsieur Sager Willy
Connaissez-vous le secret de la jeunesse chez Givaudan ?
Il semble que l’adage « le travail c’est la santé » y trouve tout son sens.
A l’époque dirigeaient Xavier Givaudan (95 ans) fondateur du site de Vernier avec son frère Léon, un directeur général François Giromini (75 ans) assistés d’autres cadres tous proches de l’âge de la retraite. ‘’Personne n’a tenté de quitter la grande Maison pour éviter de se faire traiter de jeune Homme par le Patriarche’’. Givaudan se présentait comme une grande famille ! tout le monde connaissait tout le monde.
C’était mon impression en tant que jeune collaborateur. Je suis rentré chez Givaudan en 1958 à l’âge de 28 ans. Engagé comme assistant de mon futur chef M. Classen qui s’occupait de l’important marché allemand. Comme parfumeur, il était un excellent maître pour m’enseigner les bases du métier de la parfumerie.
Mes premiers pas de vendeur se limitaient à l’Allemagne du Sud et la Foire de Leipzig en ex RDA. Deux ans à Stuttgart pour ouvrir un bureau de vente. Petit à petit mon rayon d’action s’est agrandi et j’ai fini mes 15 dernières années comme responsable des clients de tous les pays où nous n’avions pas de propre succursale. Retraité depuis 1995 à l’âge de 64 ans.