C’est sans prétention que j’ai écrit depuis que je suis en retraite, quelques ouvrages disons pseudos philosophiques. Le peu de vente de ces livres a corroboré mon sentiment que la qualité de mes écrits était proche de la mention passable. Cependant ma satisfaction première a été d’avoir été publié, ce qui n’est pas si évident. Dans ce qu’on fait on peut toujours progresser mais pour ma part je n’ai jamais pensé qu’un jour la qualité de mes textes créerait une quelconque émotion chez les littéraires. Ainsi je m’étais fait à l’idée que mes livres pourraient le plus souvent être utilisés comme cale pour tables bancales ou encore d’autres utilités.
Mais, est arrivée Annie Ernaux ! Maintenant et sans excès de prétention, je pense que grâce à elle, je suis moi aussi nobélisable. Cette femme a réveillé en moi tous les espoirs. Prix Nobel de Littérature elle est aujourd’hui un fleuron pour la France. La nouvelle a été soudaine et fracassante. Bien sûr la France n’est pas le parent pauvre des Prix Nobel de Littérature avec les Modiano, Le Clézio. Xingjian, Simon, Sartre qui s’est permis de le refuser, Perse, Camus, Mauriac. Cependant la critique a été immédiate et vive. Ernaux est une femme et le machisme, celui qu’on essaie de combattre s’est réveillé avec cette lauréate. Faut-il être bas pour dévaloriser systématiquement ce que font les femmes. Aussi je décidai de me faire ma propre idée de l’ouvrage en me le procurant.
J’ai donc lu.
Mama mia !…..
J’ai lu en deux heures de temps un des ouvrages de son œuvre, ‘’ Regarde les lumières mon amour’’.
Ce petit fascicule format livre de poche (18 X 11 cm) est si malingre, si fluet que posé sur sa tranche, il ne tient pas debout, pensez, 97 pages. Vous allez me dire que la valeur des écrits ne se mesure pas à l’aune du nombre de pages que contient le livre. Certes, elle n’a pas écrit que cela, mais l’ouvrage est tout à fait représentatif de son œuvre.
En effet, 97 pages sont largement suffisantes pour poser des concepts philosophiques, mais là, que dalle, nothing, nada, rien. Les bons mots, les belles phrases ; idem. Pour résumer c’est un descriptif des supermarchés avec les marques, ce qu’on trouve dedans, les cadis, le parking, etc. La seule réflexion que j’y ai décelé, est celle de savoir si ; dire que parmi les caissières du supermarché truc, était une femme noire, est un début de racisme ? Puissant non ?
Pour apporter de l’eau au moulin d’Annie Ernaux, je dois confesser que J’avais eu également pour le Nobel de Le Clézio une critique acerbe, ‘’le procès-verbal’’ ‘’L’Africain’’, ne m’avaient pas du tout inspiré.
Je suis passé aux critiques des critiques afin de savoir ce que j’aurais pu rater. Ce que j’ai appris, c’est qu’aujourd’hui, n’ayant pas du tout aimé l’ouvrage je fais partie des réactionnaires, voire de la droite extrême. Je ne savais pas qu’aimer les bons mots et les belles lettres n’étaient que réaction. J’ai aussi appris que ce qu’il faut aujourd’hui, c’est du ‘’simple’’, du ‘’qui ne pose pas question’’.
Ignorant que je suis j’étais encore persuadé qu’un prix Nobel de littérature par ses idées, sa syntaxe, ses figures de style, constitue une brique qui continue d’ériger le grand édifice qu’est l’art littéraire.
Passons, j’accepte l’idée d’être intégré au monde machiste et aussi à celle de ne rien avoir compris à l’ouvrage tout comme je n’ai rien compris à l’œuvre de Soulage qui vient de nous quitter. Les différents tons de noir même brillant, c’est pas mon truc.
Pour ma part, j’en conclue que même les jurys n’aiment plus lire, et que plus c’est court, mieux c’est. Une question me vient à l’esprit, est-ce que j’aurai mes chances de prix si j’écrivais un ouvrage uniquement avec des émoticônes ? Parce que Boileau et son ‘’Art Littéraire’’, qu’est-ce qu’on s’en fout.
DS