Edito

Un monde à reconstruire

Quand demain nous nous réveillerons l’esprit encore plein de ces sombres nuages qu’aura laissé le cauchemardesque coronavirus, alors notre vision du monde sera différente. Il nous appartiendra de nous le réapproprier mais différemment. Y penser maintenant est primordial. L’erreur grotesque serait de se rendormir paisiblement pensant que tout devrait redevenir comme avant. Que ce même bonheur que nous tirions de l’opulence des futilités sera à nouveau notre raison de vivre.

A quelque chose malheur est bon. Ici nous pourrions trouver une nouvelle respiration, une façon nouvelle de nous épanouir. Retrouver notre libre arbitre confisqué depuis longtemps par ces poignées de sociétés qui décident du sort de l’humanité, écrasant sous le joug de leur fortune toute idéologie qui aurait pour fondement la quiétude et la simplicité. Confisquer à notre tour cette course effrénée à la concurrence, celle qui n’a pour but que d’écraser l’autre afin d’obtenir le monopole des choses, ne serait pas une utopie. Oui, un monde différent pourrait s’offrir à nous si nous le désirions ardemment. L’occasion de donner à notre descendance une vie différente de ce que nous lui proposions jusqu’alors, sera à notre portée. Certes, rien ne se fait sans énergie, ‘’Chassez le naturel…’’

L’objectif premier en tant que consommateurs, sera de participer à la ‘’déglobalisation’’. Ne plus se précipiter sur les fraises ou les cerises de Noël pourrait nous permettre de continuer à voir la carte satellite de la Nasa montrant un ciel dégagé des émissions de gaz à effet de serre. Ce pourrait être la fin des échanges effrénés entre les deux hémisphères et dans beaucoup de cas superflus qui empoisonnent l’atmosphère depuis les années 80.

Ce que nous aurons vécu aura peut-être été la répétition générale d’un nouvel ordre économique mondial.

Bien sûr la transition écologique des entreprises avec leur relocalisation a débuté avant la pandémie mais cette dernière jouera un rôle d’accélérateur.

La chine perdra une bonne partie du secteur de la chimie, du pharmaceutique et de l’agroalimentaire. L’appréciation du risque pour les entreprises et investisseur va forcément être reconsidérée. Ce n’est pas le coronavirus qui va changer à lui seul le modèle de production des entreprises, mais c’est un facteur clé pour une nouvelle orientation de l’économie.

La Chine était un puissant aimant attirant toutes les industries mais maintenant quelques entreprises songent à s’en détourner pour leurs diversifications. Elles ne veulent plus tout miser sur l’usine principale, la Chine. Il faut des usines au plus près du consommateur. Le textile avait fait le pas il y a quelques temps afin de répondre plus rapidement aux besoins du consommateur. Une relocalisation dans ce secteur s’est faite et maintenant d’autres secteurs s’interrogent, notamment le pharmaceutique qui a presque tout délégué à l’Empire du Milieu (on a pu mesurer les résultats). La conséquence immédiate de la pandémie est le secteur aérien, c’est le principal perdant. Le tourisme suivra, qu’adviendra-t-il des immenses paquebots de croisière ?

Pour le moment la grande gagnante de cette crise est la planète…

L’image satellite de la Nasa montre qu’il n’y a plus de pollution au-dessus de la Chine, si c’est très positif pour l’écologie en Chine, on ne peut pas laisser un pays sans activités, ce serait le début de nouveaux conflits.

Nous avons dans les mains le pouvoir d’une grande révolution. Il y a peu, notre système économique prônait un grand marché pour produire énormément sans contrainte, aujourd’hui ce système est caduc et la situation nous pousse à penser l’inverse. Notre vision doit porter sur la relocalisation sans entraver les échanges.

Relocaliser sans entraver les échanges peut paraitre paradoxal et ce le sera si on garde notre ancienne vision. Vouloir être indépendant du reste du monde tout en restant compétitif, être plus proche du consommateur sans privilégier le national qui n’est pas un argument économique, voilà un nouveau défi. C’est cet équilibre qu’il nous faudra trouver. Pas facile, mais faisable si la volonté de vouloir le réaliser est là.

DS

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