Tour 1981
Curiosité

Une anglaise virée de son travail pour avoir assisté à Angleterre – Danemark

 

Lors de la demi-finale de l’Euro entre le Danemark et l’Angleterre, une supportrice des Three Lions a simulé une maladie pour assister à la victoire de son pays.

Malheureusement pour la fervente supportrice des Three Lions, elle a été filmée lors de cette rencontre au moment de l’égalisation anglaise et son employeur l’a vue à la télévision. Nina Farooqi, 37 ans, sera licenciée au lendemain de la qualification historique de son pays.

Tiens tiens ! ça me rappelle quelque chose d’assez épique. En voici le récit.

S’il est un secteur d’activité où l’évanescence des choses nécessite la rigueur scientifique, c’est avant tout la parfumerie moderne.
Art et science semblent de prime abord antagonistes. Mais on peut avancer sans se tromper que la parfumerie moderne allie étroitement dans ce secteur particulier, ces deux disciplines pour en faire une symbiose.

Dans une galaxie de molécules odorantes, savoir en cueillir, les marier, en faire une symphonie est un art qui s’appuie aussi bien sur le concret de la chimie que sur le rêve.

Il y avait chez Givaudan, au bâtiment 67 deux managers possédant ce don rare qui d’une science pouvaient en faire un art et d’un art, une science. Ces deux personnages appartenaient à la caste des artistes scientifiques souvent à l’origine des grandes réussites parfumistiques qui font la renommée de leur entreprise.

Notre petite histoire se passe au cours de l’année 1981, dont les faits marquant furent l’élection de François Mitterrand à la présidence de la république française succédant à Valéry Giscard d’Estaing, l’assassinat du président égyptien Anouar El Sadate, prix Nobel de la paix en 1978, l’accession au pouvoir de Jaruzelski qui devient le premier ministre de la Pologne,

Le Suisse Beat Breu remporte le Tour de Suisse cycliste, l’inauguration de la liaison TGV Genève-Paris, l’ouverture du tunnel de la Furka, entre Oberwald et Realp, pour la deuxième fois de son histoire, le HC Bienne devient champion de Suisse de hockey-sur-glace, Kurt Furgler (PDC) avait la présidence de la Confédération suisse.

Givaudan S.A, s’écrivait en lettres vertes, avait-elle pressenti ce grand bond vers l’écologie ? Le bâtiment 67 réservait plusieurs étages aux applications dont les missions étaient orientées vers toutes les gammes de produits industriels appelés à recevoir les parfums Givaudan. Les tests essentiels portaient sur la stabilité des produits aussi bien dans ce qui est appelé le household, (détergents, eau de javel, etc.) que dans les cosmétiques. Le département des applications sous la responsabilité des deux managers cités plus haut, avait aussi la responsabilité de développer l’olfactométrie grâce à la combinaison d’appareils appelés olfactomètres et d’un système d’analyse ‘’head-space’’. Le jeu consistait à quantifier et identifier les odeurs présentes dans un volume donné. Ce développement en était à ses balbutiements mais l’intérêt des clients pour ce type de travaux était réel et le service croulait sous les demandes qui quelques fois paraissaient farfelues. Le client ayant toujours raison, le service devait les satisfaire. Le côté désagréable de la chose était que les quantifications déterminées portaient aussi bien sur les bonnes que les mauvaises odeurs, (odeurs d’aisselles, de pieds, enfin tout ce qui pouvait se rapporter à la transpiration). Bien souvent ce n’était pas avec un grand engouement que les techniciens débutaient leurs journées si celles-ci étaient vouées aux relents plutôt qu’aux odeurs de fleurs.

Bref ceci pour dire qu’il régnait au sein du bâtiment 67 une activité pas toujours joviale puisque liée à une clientèle versatile mais qui au bout du compte était toujours satisfaite. Les priorités souvent remises en question déstabilisaient les équipes créant parfois un découragement pouvant mener à des renâclements compréhensibles.

Dans un tout autre registre il est nécessaire de dire que cette année-là, le Tour de France fut remporté par Bernard Hinault vainqueur du prologue et qui s’empara définitivement du Maillot Jaune suite à sa victoire du contre la montre, ‘’Nay – Pau’’, après que Knetemann et Anderson l’eussent successivement revêtu. Pour les Genevois et les Français la caractéristique de ce tour était qu’il comprenait une étape partant de Besançon pour finir à Thonon-les-Bains en passant par le Salève. Cette montagne convoitée que quelques fois genevois et savoyards se chicanent est en fin de compte une apatride tant elle est intégrée dans le paysage franco-genevois. Cet endroit prisé pour les week-ends, devient mythique quand le Tour de France l’enjambe. Classée col hors catégorie, la Croisette devient ce jour-là le symbole de la souffrance, le lieu des drames quand les secondes de retard viennent alourdir encore plus les jambes des coureurs. La Croisette peut devenir pour les faibles le rendez-vous de la mise à terre, alors on s’y précipite comme on va à la corrida pour voir estoquer le taureau. Les écarts entre les premières places vont soit se réduire soit s’allonger mais ils se feront sous les hourras ou les ‘’fainéant’’ des spectateurs fébriles et passionnés prêts à intervenir pour soulager les héros. Cette étape se déroulait le samedi 11 juillet 1981.

Ce jour-là, exceptionnellement il avait été demandé à un pan du service des applications de venir finaliser les études d’une composition retenue pour un projet important. Le gain de ce projet devait se traduire par une vente record, cependant les résultats de stabilité de cette composition demandaient confirmation. Tout le monde avait conscience qu’ils étaient déterminants pour le manager qui devait les emporter le lendemain à Cincinnati, lieu où allait se jouer le dernier acte du projet.

Les tâches avaient donc été distribuées rationnellement afin que le moment venu on ne perdît pas de temps, chacun connaissait exactement son rôle, tout avait été minuté.

Le succès de l’opération était quasiment assuré sauf que le matin de ce jour, une personne n’avait pas répondu présente. Stupeur, tout était remis en question et la désorganisation se remarqua aussitôt. Après un laps de temps la redistribution des tâches fut faite différemment et le travail pu commencer tant bien que mal. C’est vers 10 heures du matin que le technicien défaillant donna de ses nouvelles par téléphone. Une grave crise de foie le tenait cloué au lit. Les excuses furent multiples et il lui fut immédiatement pardonné d’avoir manqué à l’appel.

La journée se passa dans une fébrilité extrême et la fin du travail pris un certain retard. Toutefois les résultats escomptés furent au rendez-vous et purent accompagner le manager qui partit pour l’Amérique, soulagé et confiant.

Le lendemain de l‘étape du Salève, la course qui se poursuivit sur Morzine pu assoir définitivement la victoire finale de Bernard Hinault. Cette année-là, l’homme ne pédalait pas il dansait gracieusement sur la pointe des pieds bloqués dans les cales de sa machine. Le suspens était rompu sauf qu’il y eut tout de même une surprise mais celle-ci fut extra-sportive bien que liée au Tour. En effet l’équipe venue travailler le samedi 11 juillet trouva sur chaque pupitre la copie de la première page du Dauphiné Libéré datée du dimanche et relatant l’étape de la veille sur laquelle apparaissait en grand, une photo prise au sommet de la Croisette. Cette grande et magnifique photo affichait deux personnages, le premier Sean Kelly passant en tête au sommet du col s’en allant gagner de l’étape de Thonon et le second n’était ni plus ni moins que notre fameux malade qui, on ne sait par quel miracle avait pu se trouver ce jour-là à la fois dans son lit et sur la route du Tour. Il courait à côté du cycliste encourageant de toutes ses forces l’Irlandais. Notre homme avait de toute évidence le don d’ubiquité. Rien de dramatique à cet épisode mais une âme charitable probablement frustrée de ne pas figurer sur la une du journal avait pris la peine d’acheter suffisamment d’exemplaires pour, sournoisement les distribuer et créer ainsi une polémique. Il n’en fut rien.

Pour la petite histoire il faut préciser que le marché fut gagné et que le faux malade fut pardonné.

Cocasse non ?

Pour les passionnés de cyclisme, voici un rappel des trois premiers du classement du tour de France 1981 ;

1er Bernard HINAULT (RENAULT-GITANE)

2e Lucien VAN IMPE (BOSTON-MAVIC)

3e Robert ALBAN (LA REDOUTE-MOTOBECANE)

 

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