Edito

Paris, reflet de France

 

 

C’est la chienlit à Paris

Qui aujourd’hui, fera un petit séjour à Paris (Faut-il encore mettre une majuscule à ce nom devenu impropre ?) reviendra éploré par ce qu’il aura vu. Il est loin le temps où l’enthousiasme voire l’éblouissement accompagnait une visite de la capitale.

Routes défoncées, chaussées que l’on ne répare plus, sont devenues le quotidien dangereux des automobilistes et des cyclistes parisiens, du Louvre au bois de Boulogne inclus. Embouteillages et pollution record à l’intérieur et autour d’une ville de plus en plus difficile et chère à accéder. Les rats morts sur l’asphalte de sont pas rares, aussi bien place du Trocadéro, qu’au Champ-de-Mars lieux de promenade pour enfants et touristes, ou encore boulevard Saint-Germain, entre vitrines de luxe, librairie et café de Flore. Sur les bords de Seine face à l’Ile St Louis, les rongeurs s’épanouissent librement tout en occupant les poubelles quand ils ne vous accompagnent pas un court moment sur votre trajet. Ils n’ont semble-t-il, rien à craindre de la municipalité.

Evoquons maintenant brièvement les lieux réputés comme par exemple le jardin des plantes. Visiter ce lieu autrefois réputé, c’est un peu comme visiter La Havane où tous les bâtiments sont délabrés, seulement à Cuba la désolation est presque gommée par une musique sud-américaine permanente qui vous égaille le cœur. La plupart des bâtiments publiques de Paris sont poussiéreux, sales, tristes par manque d’argent, dit-on.

Si cette situation impacte directement le tourisme ce n’est pas ce que j’ai vu de plus déplorable à Paris au cours de mon court séjour. Le summum est la circulation lorsqu’on devient piéton. Les rues sont ouvertes à toutes sortes de cycles comme les segways (2 roues latérales voir photo), gyroroues (on enfourche une seule roue), trottinettes, bicyclettes, quelquefois planches à roulettes. Pour la plupart, la propulsion est électrique ce qui veut dire que les déplacements se font dans un silence absolu. C’est l’écologie à l’état pure. Mais chaque médaille a son revers. Il n’existe pour ainsi dire pas de réglementation routière pour ces modes de locomotion. Ces jouets à la fois pour enfants et adultes sont dans un flou juridique total par le fait qu’ils ont envahi l’espace public beaucoup trop rapidement pour les catégoriser et canaliser leur circulation. En une seconde le conducteur peut devenir piéton et se dispenser des règles du code de la route si un obstacle vient perturber son trajet. C’est donc la chienlit dans les rues de Paris, surtout dans les rues étroites à sens unique où tous ces cycles évoluent eux, dans tous les sens. L’apothéose est aux feux tricolores. Si vous devez traverser en empruntant un passage pour piétons et que le petit bonhomme est au vert, c’est là que réside le danger. Rien n’arrête les fous de la roue et surtout pas le civisme. Vous vous faites écharper sans autre forme de procès. Idem sur les trottoirs. Paradoxalement ce sont les véhicules automobiles qui sont le moins à craindre par le fait que le code de la route est clair net et précis pour ces lourds engins perpétuellement dans le collimateur des autorités et sanctionnés pour un oui ou pour un non. On ne se déplace pas tranquillement à Paris, on veille, on est en alerte permanente, on évite. Au cours de mon bref séjour dans la capitale, une jeune femme a payé de sa vie l’imprudence d’un ‘’trottinetteur’’ qui circulait à vive allure sur le trottoir. Cette circulation anarchique et dangereuse est très fréquemment ponctuée par des florilèges de quolibets, du type ‘’conard’’, ‘’pauvre con’’ et quelques fois m’a-t-on rapporté, par des séances de pugilat.

Dire qu’une fois rentré le soir on est vidé de toute la joie du matin n’est pas un euphémisme. On arrive à en avoir l’angoisse du lendemain.

Paris est un nom qui résonne encore comme un opéra dans le monde entier. Les regards tournés à nouveau vers la France, la capitale peut-elle se permettre de donner une image aussi piteuse d’elle-même ?

Fluctuat nec mergitur. Oui mais jusqu’à quand ?

DS

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