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Edito

La morale, pas toujours bonne.

 

Les sociétés spécifient le rejet ou non des comportements individuels ou de groupes. Par là les ardeurs néfastes individuelles ou collectives sont canalisées. Le but est la vie en communautés.

Cependant certaines convictions peuvent être prises pour des valeurs morales et conduire à des comportements dogmatiques qui paralysent le débat. La vision devient à court terme et fait l’impasse sur les bénéfices et les conséquences. Toutes les convictions ne sont pas négatives puisqu’elles ont mené à de nombreux changements sociétaux (droit de vote pour les femmes, législation sur l’avortement, suppression du glyphosate, travail des enfants etc.). Ces actions prises relèvent de principes moraux.

Cela devient un vice quand on moralise les opinions sur des questions sociétales et économiques comme le changement climatique ou l’immigration. L’écart entre les moyens nécessaires pour lutter contre ces phénomènes suscitent de la haine, de l’incivilité, voire le rejet total des problèmes.

Si la morale est un lien qui aide à se supporter les autres, elle peut aussi aveugler, rendre intolérant et inciter à la méfiance envers ceux qui pensent ou ont des pratiques culturelles différentes. Elle peut motiver une violence qualifiée de vertueuse.

Dans l’esprit de ces acteurs, la violence est un moyen nécessaire et légitime de réguler des relations sociales afin de restaurer l’intégrité d’impératifs moraux selon des préceptes et des prototypes culturels propres à leur groupe. Ces motivations s’appliquent aussi bien à la violence des militants éco-activistes qui détruisent des cultures agricoles en opposition aux organismes génétiquement modifiés (OGM), qu’aux étudiants qui fomentent une campagne de harcèlement contre une professeure parce qu’elle a une perspective différente de la leur sur l’identité de genre.

Le danger réside dans la coalition des adeptes d’une morale. Leur vision biaisée les conduit à ne retenir que ce qui alimente leur conviction. Ceci signifie qu’il ne peut y avoir de débat dans les relations entre les groupes opposés et que seule la force doit leur permettre de s’imposer. Notons au passage que les religions ont été les précurseurs de ce dogmatisme. Dogmatisme qui a mené à l’inquisition. La laïcité n’est pas en reste non plus quand on pense à tous les destructeurs de parcelles d’expérimentation sur les OGM.

Ces attitudes ne reposent pas nécessairement sur des connaissances objectives. Par exemple, les plus extrêmes oppositions aux OGM s’avèrent émaner de personnes qui en savent le moins sur le plan scientifique. Cet excès de confiance dans les jugements et les croyances qui reflètent une vérité absolue et universelle, combinée à une simplicité cognitive, facilite le dogmatisme et des attitudes politiques extrêmes, à droite comme à gauche.

Les croyances associées à une forte conviction morale sont psychologiquement distinctes des autres croyances. Intériorisées, elles deviennent insensibles aux opinions et critiques émanant de figures d’autorité ou d’experts. En outre, comme les gens sont objectivistes par rapport à leurs valeurs morales, ils deviennent facilement dogmatiques et intolérants à l’égard de ceux qui ne les partagent pas.

La moralisation transforme des préférences en valeurs qui acquièrent ainsi une composante morale et une charge émotionnelle intense.

La moralisation des idées n’est intrinsèquement ni bonne ni mauvaise. Elle est importante parce qu’elle est susceptible d’influencer la vie des gens et la société dans son ensemble à condition de ne pas vouloir prendre à tous prix, ses désirs pour des réalités futures.

DS

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