Malade 001[1]
Edito

La vie comme elle va

 

Si nous voyons le confinement obligatoire que nous vivons comme assimilable à une simulation de la maladie, alors nous pouvons nous pencher sur elle d’une manière un peu philosophique.
Il n’est pas question ici de minimiser la pandémie qui nous frappe ou encore d’occulter les personnes en pleine souffrance qui luttent pour leur vie. Certaines personnes se diront peut-être ; ‘’Est-ce bien le moment de philosopher ?’’. Je répondrai que la philosophie peut être un refuge de la pensée comme la foi un refuge de l’âme.

– « Si certains de vos états vous semblent maladifs, dites-vous bien que la maladie est pour l’organisme un moyen de chasser ce qui lui est contraire. Il faut donc aider cette maladie à suivre son cours. C’est le seul moyen pour l’organisme de se défendre et de se développer ».                             Rainer-Maria Rilke, lettre à un jeune poète.

Être malade est un vécu complexe, presque inéluctable qui touche tous les organismes vivants. Elle a chez l’homme, une portée subjective variant selon de nombreux facteurs et parmi ces derniers, il y a la nature de la pathologie. Nous ne vivons pas la maladie de la même manière selon qu’elle est transitoire, (lumbago, grippe), qu’elle nous fait entrer dans la chronicité, (diabète, hypertension) ou qu’elle menace notre espérance de vie, (cancer). D’autres facteurs entrent aussi en jeu. L’âge d’être malade peut-être source de contentement pour des écoliers, (on sèche les cours), à l’opposé une adversité et une complication pour des adultes, (pas de travail) et enfin une menace pour des personnes âgées. Jules Renard dit, « Maladies, les essayages de la mort ».
La maladie nous invite à l’introspection. On est plus enclin à cogiter, à ressentir les choses lorsqu’on est immobilisé parce qu’elle modifie l’état de notre corps et par là, le fonctionnement de notre esprit. Elle nous procure une expérience existentielle ; par exemple une forte grippe peut amener une personne jeune à se sentir vieille, très fragile, très diminuée et lui faire vivre un avant-gout de ce pourrait être son grand âge. La maladie fait aussi réfléchir parce qu’elle brasse des éléments temporels ; nous sommes malades au présent mais aussi au futur, allons-nous guérir ? continuer de souffrir ? peut-être même mourir ? et même au passé, nous pouvons éprouver des regrets, de ne pas davantage pris soin de nous, ou davantage profité de la vie alors que nous étions en bonne santé. La maladie ouvre ainsi un vaste champ à l’esprit. C’est un exercice salutaire que cet examen de conscience au sein de ce corps malade. Observons par exemple notre manière de nous traiter lorsque nous sommes souffrants. Sommes-nous agacés par notre corps, impatients de retrouver la santé et les capacités d’action qui vont avec ? ou encore capable de respect et de bienveillance envers nous-mêmes. La maladie est l’occasion de comprendre que nous avons intérêt à respecter ce corps unique, nous n’en aurons pas d’autres. Notre corps n’est pas un simple outil, il est un don, il est le vecteur de nombre de nos bonheurs. La maladie nous permet aussi de faire l’expérience de la guérison, du soulagement et cette expérience est féconde.
Selon Montaigne « d’une douleur extrême je viens à recouvrer comme d’un éclair, la belle lumière de la santé, si libre et si pleine. De combien la santé me semble plus belle après la maladie. »
Pour chaque chose malheur est bon, aussi prenons le confinement imposé par la pandémie comme une ‘’pseudo-maladie’’ et par la réflexion, sachons mettre en lumière les grâces que nous avions oubliés.

A toutes et à tous, notre Présidente Lydia et tout le bureau de l’ARGV vous souhaitons beaucoup de courage et de patience dans l’épreuve dramatique que nous traversons.
DS

 

 

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