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Edito

Les fâcheux

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Image générée avec IA

 

Qui ne croise pas régulièrement sur sa route des fâcheux. Vous savez ? ces personnes, non pas que l’on exècre non, mais celles qui nous ennuient profondément lorsqu’on les croise dans la rue. Ce sont des rébarbatifs, des plaies, des boulets, des casse-pieds, des personnes qui nous font regretter d’avoir pris ce raccourci, d’être parti un peu plus tard, de ne pas travailler ce jour-là, enfin qui nous font tout regretter et surtout de les avoir connus. Bref ce sont des emmerdeurs.

Alors s’ils ne sont pas détestables, qu’est-ce qui fait que nous les fuyons ?

Des fâcheux, il y en a plusieurs catégories, par exemple il y a ceux qui en public vous surprennent en vous mettant une grande tape dans le dos et vous crie, ‘’ comment vas-tu vieille branche ? ‘’ ou encore vous cachent le chariot au supermarché. Tout ça va encore, mais les pires sont ceux qui vous racontent leur vie et surtout leurs bobos, et ça n’en finit pas. Vous avez déjà entendu la chanson d’Ouvrard :

 J’ai la rate qui s’dilate
J’ai le foie qu’est pas droit
J’ai le ventre qui se rentre
J’ai l’pylore qui s’colore
J’ai l’gosier anémié
L’estomac bien trop bas
Et les côtes bien trop hautes
J’ai les hanches qui s’démanchent
L’épigastre qui s’encastre
L’abdomen qui s’démène
J’ai l’thorax qui s’désaxe
La poitrine qui s’débine
Les épaules qui se frôlent
J’ai les reins bien trop fins
Les boyaux bien trop gros
J’ai l’sternum qui s’dégomme
Et l’sacrum c’est tout comme
J’ai l’nombril tout en vrille
Et l’coccyx qui s’dévisse etc..

Vous êtes arrivés au bout de la lecture ? C’est chiant non ? et bien figurez-vous que ça n’est rien à côté de ce que vous pouvez subir si vous avez le mauvais réflexe de demander à un fâcheux comment il se porte. 20, 30, 40 minutes, vous devez le supporter parce qu’un jour il a eu la mauvaise idée d’avoir été le voisin de votre mère ou autre chose. Tout y passe et en faisant semblant de vous intéresser à son récit, il est encore capable d’aller chercher les radios à la maison, voire les derniers résultats de ses analyses d’urine.

Pitié, foutez-nous la paix avec vos histoires de descendes d’organes ou vos remontées du col du fémur. Même si on a soi-même une tronche de déterré, il est sans pitié le fâcheux, il est certain qu’on a toujours un souffle de vie pour pouvoir écouter ses conneries jusqu’au bout.

La qualité première du fâcheux c’est qu’il colle. La glu, c’est que dalle, il vous scotch la bouche, vous ne pouvez que la garder fermée. Ensuite il vous fige. Il est observateur et vous noie de parole au moment où vous alliez lui dire que vous aviez un RDV urgent. Ce qu’il aime le fâcheux c’est le monologue, pas ceux empruntés au Cid de Corneille » Ô rage ! Ô désespoir ! » ou encore à Bérénice de Racine, « J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé », non, ce qu’il cite, ce sont les vers de son pauvre corps rhumatisant, de ses douleurs que lui seul connait parce que le sort a bien voulu en épargner le reste du monde. Notre fâcheux a peut-être bien en tête l’idée d’être canonisé un jour pour cette vie de souffrance.

Notez que de temps à autre il sait s’écarter de son sujet favori, ‘’lui et rien que lui’’, en vous stupéfiant par le récit d’un véhicule qui l’a doublé au mauvais endroit de la RN x et qui aurait pu causer un accident. Fantastique comme récit, jamais ne telle chose ne nous est arrivée. Le fâcheux sait parler il ne tarit jamais. Pensez, il s’aime tellement. C’est un altruiste en circuit fermé. Il aime l’autre mais cet autre n’est que son image que reflète le miroir quand il le consulte. Pas bien, il ne se trouve pas bien, alors il souffre, pour moins souffrir il cherche l’effet cathartique et court vous emmerder.

Le plus souvent les fâcheux son vieux, quoique. Mais faut-il pour autant les laisser pérorer, voire se répandre au point d’en être incommodé ? Il ne faut pas croire que le fâcheux radote, non le fâcheux s’aime et il n’y a que lui qui compte. Alors pour ce qui me concerne je ne fais généralement pas de détails.

Une fois, prenant congé de moi après m’avoir abreuvé de ses lamentations, et s’étant probablement aperçu qu’il avait un peu atigé un fâcheux me déclara : » Mais je vous ennuie Dominique avec mes histoires » Ce à quoi je répondis ; » Pas du tout, je n’écoutais pas ».

DS

 

 

 

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