Marmites 300 Ricardo[1]
Curiosité

L’Escalade, petite piqûre de rappel de son histoire.

Le 12 décembre Genève commémore la victoire de la république protestante sur les troupes du duc de Savoie Charles-Emmanuel 1er. Pendant cette journée le chocolat est à la fête et les réalisations proposées avec cette denrée sont pour beaucoup de réelles œuvres d’art. Alors une petite incursion dans l’histoire de la Suisse réveillera peut-être chez certains d’entre-nous des moments d’étude pleins de transpiration mais finalement bien sympathiques aujourd’hui.

 

La réforme à Genève (Texte extrait de ‘’Histoire de Genève’’)

La présence de Calvin va avoir un impact durable dans la cité lémanique et bien au-delà, et la théocratie qu’il tente d’instaurer ne laisse personne indifférent, que l’on apprécie ou non son idéal de faire de Genève la nouvelle « ville sainte ». Sous Calvin, la cité change radicalement, à cause bien sûr de la nouvelle forme de gouvernement qu’il y introduit, mais aussi, et surtout, de l’afflux massif de protestants français, italiens, néerlandais et anglais qui fuient les persécutions dont ils sont l’objet dans le reste de l’Europe. Ces nouveaux venus tendent tout naturellement à soutenir Calvin, ce qui déplait à la bourgeoisie locale qui craint pour son pouvoir et son influence. En 1555, une rébellion contre les réfugiés est réprimée et permet à Calvin d’asseoir solidement son autorité.

Les réfugiés les plus fidèles sont formés à l’exercice du ministère afin d’aller répandre la doctrine de Calvin dans d’autres contrées. Parmi ces disciples, on citera John Knox qui, de retour dans son pays d’origine, y fondera l’Église d’Écosse. Il y a, parmi ces réfugiés, une grande concentration d’imprimeurs et d’éditeurs qui contribuent aussi à l’essor de la nouvelle religion en imprimant les textes bibliques et les traités de théologie. De plus, l’Académie fondée en 1559 attire un grand nombre de professeurs et d’étudiants étrangers à Genève. Les persécutions religieuses font aussi converger de nombreux artisans vers la cité de Calvin, notamment des banquiers qui vont contribuer au développement de la ville. Parmi les opposants les plus acharnés à la ville, la Maison de Savoie cherche régulièrement à faire valoir ses prétentions territoriales. Le duc Charles-Emmanuel Ier de Savoie tente un dernier coup de main pour reprendre Genève en 1602, mais la garde donne l’alerte et les Genevois repoussent l’assaillant qui cherche à franchir les murs de la ville à l’aide de grandes échelles, d’où le nom de « L’Escalade » donné à cet épisode. Suite à cette défaite, le duc de Savoie est contraint de signer le Traité de Saint-Julien (1603) par lequel il renonce définitivement à Genève.

La guerre de 1589 et l’Escalade Réapparition de la menace savoyarde. Les transformations religieuses et politiques et l’économie avaient eu la chance de profiter d’une cinquantaine d’années de paix. En 1559, l’Etat savoyard est reconstitué. En 1564, par le Traité de Lausanne, les Bernois, pour conserver le Pays de Vaud, durent rendre toutes leurs autres conquêtes à la Savoie. Redevenues savoyardes, ces terres retournèrent peu à peu au catholicisme. Genève est à nouveau encerclée et séparée de la plus grosse partie de son arrière-pays par une frontière politique renforcée d’une barrière religieuse.

Le rénovateur de la Savoie, le duc Emmanuel-Philibert, n’attaque pas, mais son fils, Charles- Emmanuel, sera aussi redoutable que Charles II, son grand-père. Dès son avènement, en1580, les agressions se multiplient, Pour se prémunir, Genève s’appuie sur l’alliance bernoise.

En 1579, Berne s’associe à la France et à Soleure dans un traité destiné à protéger Genève. Le 30 août 1584, Zurich, conjointement avec Berne, s’allie à Genève par un pacte d’assistance. L’alliance avec Berne et Zurich restera le seul lien de la ville avec la Suisse jusqu’au XIXe siècle. Des efforts opérés à plusieurs reprises pour étendre cette alliance ou pour faire de Genève un canton échoueront devant la résistance des cantons catholiques.

La guerre de 1589

Les vexations savoyardes poussèrent à bout les Genevois. Ils prirent l’initiative d’une guerre en avril 1589. Aidés par des renforts français et bernois, ils remportèrent d’abord des victoires. Une contre-offensive des Savoyards fut suivie d’une trêve. Les Genevois se crurent compris dans des accords passés entre la Savoie et la France.

L’Escalade de 1602

Les Genevois furent brutalement détrompés par l’Escalade du 11 décembre 1602, attaque nocturne par laquelle le duc Charles-Emmanuel espérait enfin s’emparer de Genève. Son entreprise échoua et cette victoire des Genevois est restée le souvenir le plus vivant de leur histoire. C’était une victoire nationale, c’était aussi une victoire de la liberté républicaine contre l’assujettissement monarchique. Victoire d’hommes, certes ; pourtant seules deux combattantes ont transmis leur nom à la mémoire populaire, dame Royaume et dame Piaget. La première, très célèbre, abattit un assaillant d’un jet de marmite, la plus illustre marmite de l’histoire puisqu’elle est ressuscitée chaque année sous la forme de milliers d’exemplaires en chocolat. La seconde dame résista en entassant les meubles les plus lourds devant la porte de sa maison, qui faisait partie de l’enceinte protégeant la ville du côté de la Corraterie.

Dans le Traité de Saint-Julien signé en 1603, le duc de Savoie reconnaissait l’indépendance de Genève. Celle-ci pouvait bénéficier d’une protection plus active de la France, sa voisine, depuis que Charles-Emmanuel avait été contraint de céder le Pays de Gex au roi Henri IV en 1601.

Pendant quelques années, Charles-Emmanuel échafauda encore des plans contre Genève, de plus en plus chimériques à mesure que lui-même et ses successeurs tournaient davantage leurs intérêts vers la politique italienne. N’empêche que pendant presque tout le XVIIe siècle, les Genevois vécurent dans la peur d’une nouvelle attaque. Ils améliorèrent leur enceinte fortifiée, déjà refaite dans la seconde moitié du XVI e siècle. Pour ces travaux, Genève reçut des fonds de l’Europe protestante, manifestation de la sympathie internationale dont elle jouissait.

 

© Helvetia Genevensis 2006. Texte extrait de ‘’Histoire de Genève’’

(lire le texte complet sur le lien ci-dessous).

http://www.helvetia-ge.ch/fileadmin/Helvetia-genevensis/Societe/Histoire/Histoire_de_Geneve.pdf

 

 

 

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