Maria est une femme divorcée de 77 ans. De fortes douleurs récurrentes et inquiétantes l’ont amenée, accompagnée d’une lettre de son généraliste, à l’hôpital de St julien en genevois pour obtenir un rdv auprès d’un spécialiste.
« Revenez l’année prochaine, lui a signifié le secrétariat, tout est complet. »
« Mais j’ai mal et je suis inquiète, » répondit Maria.
« Alors si vous êtes pressée, allez-vous faire soigner en Suisse, vous êtes retraitée ». (Sous-entendu vous avez assez de pognon pour ça), fut la dernière réponse de la secrétaire.
Mais Maria n’a jamais été travailleuse frontalière et sa retraite prise à soixante-quatre ans, ne reflète pas le nombre de ses annuités à quarante heures de travail hebdomadaire, interrompues par deux à trois semaines de vacances annuelles. Aujourd’hui ses poules et son jardin sont une aide précieuse et ce qu’elle redoute c’est de ne plus pouvoir s’en occuper. Alors son inquiétude et ses douleurs elle a fini par les remiser comptant sur sa bonne étoile pour que son état n’empire pas et qu’elle puisse continuer à vivre au moins comme ça, puisque la médecine a fait faillite.
On a pourtant grandi avec une promesse : « Tu travailles, tu cotises, et le jour où t’en as besoin, la solidarité prendra le relais. » C’était beau, c’était fort, c’était la Sécu. Aujourd’hui ? C’est devenu une sorte de rêve périmé qu’on ressort dans les discours de commémoration. En vrai, tu peux toujours cotiser, t’auras peut-être droit à un rendez-vous chez un ORL dans trois mois, si t’es encore vivant d’ici là.
Travailler toute une vie, c’était pas un choix, c’était le deal. Se lever tôt, bosser dur, pas trop se plaindre. Et chaque mois, une belle part du salaire partait alimenter le pot commun : maladie, accident, retraite. Solidarité nationale, qu’ils disaient.
Mais voilà, en 2025, tu tombes malade, et tu découvres que ce fameux pot est percé. Pas de médecin dans ton coin, plus de lit à l’hôpital, et une secrétaire pas toujours aimable qui t’envoie à dame. Tu veux voir un spécialiste ? Faut l’Internet, un mot de passe oublié, et surtout… de la chance. Parce qu’on ne soigne plus, on trie. Priorité aux jeunes, aux urgences, ou aux riches qui payent cash en clinique privée. Toi, t’as que ta carte Vitale et tes douleurs. Autant dire, que dalle.
Les déserts médicaux ? Ils sont devenus des continents entiers. Des départements sans pédiatres, des quartiers sans généralistes, des hôpitaux où le personnel dort dans les couloirs ou démissionne à la chaîne. Les soignants ? Maltraités, mal payés, écrasés sous la paperasse et les plannings de robots. Tu voulais parler à ton médecin ? Il a jeté l’éponge, il fait du jardinage au Portugal.
Et pendant ce temps-là, le gouvernement t’explique que c’est « complexe », qu’on va « mettre en place un guichet unique », ou mieux : un numéro vert. Le seul vert qu’on voit, c’est celui qu’on vire de nos portefeuilles pour payer les soins ailleurs.
Sauf que l’autre jour au journal de 13 heures, Maria apprend que le gouvernement lui demandera de faire un effort financier supplémentaire. Elle devra payer un peu plus d’impôts. Et là, cette femme tranquille se révolte. Pourquoi payer encore plus ? sera-t-elle mieux soignée ? Elle en est certaine ; pas du tout. Cet argent comme la plupart des impôts sera versé dans le tonneau des Danaïdes qui épuise depuis des dizaines d’années le contribuable français. Il va contribuer au gâchis permanent que produit une gestion catastrophique des affaires d’une France irréformables. C’est un argent qui ira aller alimenter une pléthore d’agences, de commissions inutiles, de fastes élyséens, de dépenses somptuaires de représentativité, de hauts fonctionnaires intouchables et riches, de projets politisés plus ou moins foireux, de redistributions illogiques, de caprices politiciens et pour finir qui ira se perdre dans le mille feuilles inextricable des départements et des régions. Un Mille feuilles où sont emprisonnés quelque cent mille élus locaux ou nationaux toujours rémunérés le contribuable, (un peu moins de 600 000 élus au total).
Pour en revenir aux retraités, walou, c’est la double peine. Ceux qui ont bossé 40 ans, élevé des gosses, payé des impôts ? Eux, on les regarde maintenant comme des poids morts. Ils « coûtent cher », disent les experts à lunettes qui n’ont jamais mis les pieds dans une salle d’attente de campagne. Comme si vieillir était un caprice.
T’as besoin d’un kiné ? Bonne chance. D’un scanner ? D’un dentiste ? Faut vendre un rein (encore en bon état,). T’as cotisé toute ta vie, mais au moment de la récolte, on t’explique que le champ est fermé pour cause d’austérité.
Le contribuable français est le Sisyphe des temps modernes, sa pierre à l’édifice roule tous les jours dans le tonneau percé. Elle roule dans les profondeurs d’une dette abyssale qui ne sera jamais épongée quoiqu’en disent les gouvernants préoccupés essentiellement par les agences de notation. Les épées de Damoclès ne tomberont pas pourvu qu’on affiche le désir ardent de vouloir être sobre en réduisant drastiquement les dépenses. Mais comme déjà dit, pour cela il faut des réformes et ces dernières sont illusoires parce que les gouvernements sont fantoches depuis que les administrations par le truchement des hauts fonctionnaires, ont pris le pouvoir. Elles appliquent ou non à leur guise, les lois et règlements votés. Elles font, dans leur compétence, la pluie et le beau temps.
Qu’elle le veuille ou non Maria paiera ses impôts, ses suppléments d’impôts, ses taxes et elle n’aura pas pour autant un RDV médical.
Alors on fait quoi ? On se soigne à l’ancienne ? On boit des tisanes, on prie Sainte Rita, on ressort les remèdes de grand-mère ? Parce que la médecine moderne, elle, est devenue un produit de luxe. Et toi, pauvre clampin solidaire, t’as juste cotisé pour engraisser un système qui t’oublie au moment où t’en as besoin.
La France est à la traine dans tous les domaines et elle le sera toujours tant qu’elle restera hautaine dans ses réflexions sur ses propres qualités et capacités.
Mais rassurez-vous braves gens: on peut toujours mourir gratos, quoique …?