Edito

C’était mieux avant !

L’été il fallait y être, c’était le lieu des vacances idéales. On prenait grand plaisir à y bronzer, à s’y baigner, s’y montrer et surtout à raconter ensuite la réussite d’un séjour de rêve. Bien sûr on en rajoutait toujours un peu, il fallait bien ébahir les auditeurs qui n’avaient pas eu la chance d’y aller. Mais il n’y avait pas gros mensonges à gonfler un peu le bonheur vécu. Les vacances étaient surtout réussies quand la photo nous avait immortalisé sur la Promenade des Anglais en compagnie de starlettes exhibant à souhait leurs appâts.

L’hiver c’était différent, les riches avaient les moyens d’y vivre en dehors du froid, entourés d’oranges, de citrons, de mimosas et de palmiers. On pouvait se reposer de la mer et prendre un peu de fraîcheur en gagnant les forêts de pins maritimes, les garigues et les genêts. Un véritable Eden.

On a bien compris qu’il s’agissait de la Riviera, autrement dit, la Côte d’Azur. Nice, Menton, Vintimille, lieux de fêtes et de quiétude.

Qui n’a pas connu dans sa vie ne serait-ce qu’une fois ces paysages somptueux ? Evidemment cette description n’est pas unique dans le paysage méditerranéen, il y a la Corse ainsi que la plupart des pays bordant la mer bleue.  Cependant la Côte d’Azur avait une aura particulière. Elle était le phare touristique de la France, du bon gout.

Si j’écris à l’imparfait c’est parce que seuls les souvenirs restent. Le désastre s’abat chaque année davantage sur cette région, certes la plupart des pays méditerranéens sont aussi concernés mais j’ai toujours eu un faible pour notre Riviera.

L’hiver est aujourd’hui le royaume des eaux et l’été l’empire du soleil.

Des langues de chaleur se détachent du brasier africain et viennent lécher le littoral méditerranéen, cependant celles-ci ont la particularité de s’allonger toujours plus pour venir chauffer des grandes villes intérieures des pays comme Lyon, Toulouse, Grenoble. D’année en année elles dansent comme des flammes agitées par un souffle initiant finalement des incendies de forêt quasi-quotidien. Là-dessus, le mistral prend un malin plaisir à attiser les braises et nous la joue façon ‘’ Danse du feu’’ de De Falla. La souffrance causée par les températures excessives envahit les populations qui finissent par redouter ce qui les faisait vivre il y a encore quelques années, les étés.

Un spectacle de carcasse s’offre à nous. Il n’y a pas d’exagérations à parler de carcasses, il suffit de regarder les spectres noirs qui bordent le littoral. Les forêts ne montrent plus que leur fantôme. Pour la plupart, elles sont parties en fumées victimes des hautes températures. Ailleurs là où la garrigue exhalait ses parfums, il ne reste plus que des terres plus pelées que le crâne d’un mort. Désolation est le mot approprié à ce qui était encore un endroit paradisiaque il y a une dizaine d’années.

Alors on implore le ciel, on demande de l’eau, de la fraicheur, mais quand les Dieux veulent vous punir ils exhaussent vos prières. On reçoit alors des trombes d’eau glacées de grêlons, des pluies diluviennes boueuses faisant de la moindre rigole un torrent tumultueux se déversant dans les endroits les plus inattendus, bousculant sur leur passage, murs, maisons, ponts et finissant par submerger les routes après les avoir déchiquetées et les rendre impraticables. Cette eau absente presque toute l’année est là, mais c’est une eau qui ne donne pas la vie, elle la prend. Et l’eau de la mer ? D’aucun prédise qu’avec l’augmentation de sa température elle nous livrera un jour sa dorade ‘’rosée à l’arrête’’.

On a envie de crier « Bon, allez les enfants, ça suffit, stop, y en a marre, on arrête de déconner, c’est plus du jeu, on revient aux années 50-60  » mais voilà…

Sécheresse, chaleur, incendies, tornades de feu, inondations, voilà ce que rassemble aujourd’hui la Riviera. Elle devient infernale, elle qui avait tout pour plaire ? Irons-nous vers un exode des populations au profit des régions du nord ? Est-ce à mettre sur le compte du changement climatique ?  Ou les Dieux seraient-ils tombés sur la tête ?  Voilà bien des questions préoccupantes.

DS

 

Pour ceux qui ont de la route, beaucoup de route, rappelez vous du bon temps, « sur les bords de la Riviera ».

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