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Edito

Charlie ou pas Charlie ?

En préambule à cet article afin d’effacer toute suspicion je tiens à préciser que je condamne de toutes mes forces le terrorisme ainsi que tous ceux qui dans ce cadre, font leur, la devise : ‘’Qui sème le vent récolte la tempête’’. Je ne reviendrai donc pas sur ce sujet.

Les religions accompagnent l’humanité depuis la nuit des temps. Qu’on le veuille ou non elles ont joué un rôle dans la construction des sociétés et dans la structuration de leurs gouvernements. Mais le progrès évoluant, petit à petit il a repoussé les croyances. Les religions du passé sont en train de perdre leur vitalité parce que la science ne permet plus de croire ce qu’enseigne l’église. De nos jours il est plus facile de condamner le monde que de le justifier. Les guerres générées par les trois grandes religions monothéistes sont le terreau fertile pour les athées qui les combattent toujours bien qu’aujourd’hui malgré tout, elles inclinent à la tolérance à mesure qu’elles sont rongées par le scepticisme.

Croire ou ne pas croire est un ressentiment initié par un égo, une culture et par le questionnement de son propre devenir après la mort. La mort. Là est l’inconnue prégnante et essentielle sans qui les religions n’existeraient pas. Au-delà des relations sociétales, la croyance est là pour rassurer, pour apaiser les souffrances psychiques et pour les faire accepter. Même si elle ne solutionne pas les problèmes elle est un refuge lors les drames et atténue les douleurs qu’ils génèrent.

Mais doit-on considérer les croyants comme des personnes crédules et niaises ? bien malin celui qui peut affirmer qu’elles le sont. Aussi à la manière de Charlie Hebdo, il est inadmissible de traiter à longueur de publications ceux qui ont la foi, d’idiots, d’imbéciles ou autres quolibets, de les humilier parce qu’eux gens de gauche immatures, sont profondément athées. Leurs invectives ne sont pas destinées directement aux religions ou aux dieux, puisqu’on ne peut insulter ce qui est immatériel ou qui n’existe pas ?  Leurs invectives ont une destination bien précise, celle qui doit mener à l’apostasie. C’est une croisade à l’envers. Aboutir à l’abjuration des croyants est leur leitmotiv voire leur idéologie et comme tout sectaire devant soumettre, qu’importent les moyens pour y parvenir. C’est un retour à Sainte Blandine.

Les déités n’existent peut-être pas mais croire le contraire, soulage. Après tout, traite-t-on les patients dont les douleurs ont été dissipées par un placébo, d’imbéciles ou d’idiots ?

Pour ma part je ne suis pas croyant mais j’aurais voulu l’être quand, ce jour où ce père de famille voyant ma compassion parce que j’avais appris la mort de sa fille, me prit la main et m’invita à remiser ma peine parce que son enfant était devenue « une rose auprès du Seigneur ». Le traiter d’idiot imbécile eût été une seconde mort pour sa fille.

Les attentats monstrueux de Charlie Hebdo ont fait jaillir une formule lapidaire « je suis Charlie ». Cette phrase perverse est dans un premier temps le rejet des attentats mais dans un second pour ceux qui y adhèrent, c’est un quitus sans retour donné aux violences écrites de Charlie Hebdo. Personnellement je déplore que les médias aient emboîté le pas alors qu’ils pouvaient condamner fermement les attentats sans pour autant cautionner toutes les invectives et humiliations que publie l’hebdomadaire. La phrase sibylline ‘’Je suis Charlie » ne laisse pas le choix, elle fait croire que si l’on n’est pas Charlie on cautionne les attentats et on est contre la liberté de la presse. Bien joué ! mais pour ma part je n’ai jamais été, ni ne serai jamais Charlie. Je ne confonds encore pas la liberté d’expression avec la liberté d’invectiver ceux qui pensent différemment de moi. L’état lutte entre autres, contre les violences verbales faites aux femmes, pour Charlie Hebdo l’invective est tolérée. Ici encore, deux poids deux mesures. Je ne suis pas Charlie.

DS

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