La philosophie des plantes.
Nous avons une fâcheuse tendance à résumer la vie à tout ce qui se meut. L’image de la biologie reste centrée sur la vie animale. La lutte contre le réchauffement climatique se nourrit de la disparition des espèces animales, bien moins des espèces végétales. Aborder leur sujet c’est le plus souvent aborder ce à quoi nous les destinons, la décoration, l’alimentation (manger cinq fruits et légumes), pas vraiment pour chercher à comprendre ce que veut dire « vivre ». La philosophie est sortie de la route tracée par Aristote et les Anciens qui parlaient de « l’âme végétative », aujourd’hui qui se soucie de cela ? Arbres, fleurs, graminées et compagnie, tout ce qui pousse, qui germe, bourgeonne, s’est trouvé balayé hors du cercle de la philosophie et de ses objets légitimes. La vie des plantes est rentrée dans celui des botanistes, jardiniers, agriculteurs et les penseurs ne regardent plus les feuilles. C’est triste dans la mesure où les plantes se développent dans un rapport au monde à nulle autre pareil.
Réfléchissons-y ; bien qu’immobiles, elles domptent et utilisent au mieux la lumière, se développent par ses flux de photons. Elles s’auto-façonnent, créent leurs formes. Leur être au monde équivaut à faire le monde, car tout en y faisant corps, elles le modèle, et tout en y étant immergées, elles le produisent. N’oublions pas que notre atmosphère est d’abord un fait végétal : sans photosynthèse, pas d’oxygène, pas d’air. Chaque bouffée que nous respirons, c’est du souffle de végétaux vivants. Sortis de l’eau, elles ont créé autour de la terre un océan gazeux prolongeant la couche liquide. La terre leur doit l’atmosphère, et nous la vie.
Une petite étincelle jaillit toutefois quand on prend conscience que la vie n’est pas faite que de déplacements. Depuis quelques années, l’étude des plantes révèle des processus inconnus de communication, de reproduction, de régénération, pour n’en citer que quelques-uns, qui nous invitent à repenser la vie, la mort, l’individu, l’espèce, voire ‘’l’intelligence’’ ou la ‘’conscience’’ que certains appliquent de plus en plus ouvertement aux végétaux.
C’est l’été, toutes les plantes s’offrent maintenant à nous. Le soleil incite aux promenades, alors pourquoi n’en dédirions-nous pas quelques-unes à la connaissance des végétaux qui bordent notre chemin ? De nombreux petits guides pratiques sont disponibles pour les identifier.
DS