Sècheresse, inondations, canicules, sauterelles, tsunami, trou d’ozone, pollution, précarité, pandémie, nous voilà presque revenus aux dix plaies des temps bibliques. Construirons-nous une nouvelle arche de Noé ? Les dieux s’amusent de l’homme, ou alors ils se rappellent à son bon souvenir, lui l’occidental qui a dissous sa foi dans la science.
Cette science a certes fait naître des progrès immenses mais malheureusement, l’économie que l’homme en a tirée, est devenue une hydre qui s’est engraissée des vertus pour en déféquer le CAC 40, l’individualisme et la précarité de la majorité des classes sociales.
Alors une question se pose « est-on responsable de toutes ces plaies » ? Certainement diront les religieux qui verrons là le terreau fertile pour une ré-évangélisation, certainement aussi dirons ces nouvelles générations qui nous appellent les ‘’boomers’’ (ceci fera l’objet d’un autre article) et voient en nous l’origine de tous les maux. En partie, répondront d’autres, plus réalistes. Ce qui est certain, c’est que ce n’est pas un phénomène naturel qui a engendré le libre échange devenu au fil des ans une mondialisation hyper libérale sans pitié parce que mue par une concurrence qui exige la mort de l’autre. Aujourd’hui on peut mesurer les dégâts de ce système économique, (pollution, gaspillage, épuisement des réserves naturelles, etc.).
Mais la dictature des marchés ne pouvait perdurer comme ne pouvaient perdurer la monarchie absolue, le nazisme, le stalinisme et autres fléaux politiques. Les plus optimistes voyaient la chute de cette dictature par des guerres civiles, d’autres par une conflagration. Bien sûr quand on voit le vieux rafiot qu’est l’Europe, manquer de chavirer chaque fois que quelques immigrés viennent s’accrocher à son bastingage, on sent que le naufrage est proche. La chute du système économique ne peut venir que de l’Europe et de nulle part ailleurs. Alors on s’attendait au pire, mais quand allait-elle se produire ?
Elle se produit aujourd’hui mais par résonnance. En effet qui aurait pu imaginer que cette chute serait due à une pandémie capable de bloquer les marchés financiers, les industries et les échanges ? car aujourd’hui on peut être certain, ce système économique mondial a atteint ses limites. Il s’effondre et va mourir. La question est ; combien de temps durera son agonie ? où irons les parties héritables et qu’en sera-t-il fait ? Quelle nouvelle économie pour demain ?
On peut espérer qu’un monde plus responsable, plus solidaire verra le jour après cette pandémie. Qu’une économie plus modérée ne laissera plus sur le carreau tant de gens. Pour cela il faudra impérativement supprimer du cerveau humain, l’égoïsme génique néfaste, celui qui génère l’idée de compétition, d’accumulation, de domination. Je dis néfaste parce que pris à son origine, l’égoïsme n’est ni une tare ni une vertu, il est seulement ce qu’on veut en faire. J’en veux pour preuve l’exemple d’une mère qui chérit son enfant. Elle est égoïste parce que, ce qu’elle donne à son enfant lui procure aussi un bien-être interne et ceci quelque soient les efforts qu’elle déploie pour y arriver. Il s’agit là d’un égoïsme positif. Alors comment l’humanité se relèvera-t-elle du mal qui la frappe ? Mon optimisme est mesuré, « chassez le naturel… ». Certes comme après chaque catastrophe la solidarité s’organise. Encore quelques-uns parmi nous ont des réminiscences de la période d’après-guerre. Le problème est que cette solidarité est éphémère et ne dure que le temps d’une reconstruction. La compétition reprend vite ses droits, l’avidité du pouvoir refait surface. Telle est malheureusement le fond de l’humanité.
En attendant, nous vivons une période de grande détresse. Où aller pour y échapper ? Nulle part. Comble de l’ironie ce n’est plus nous qui refusons l’accueil des personnes immigrées venues des pays pauvres ce sont ces pays pauvres qui ne veulent pas nous voir chez eux. L’arroseur arrosé.
Des dizaines de pages seraient nécessaires pour étayer mes propos seulement l’ennui pourrait gagner le lecteur. Mes écrits restent humbles. Ils n’ont pour but que de susciter la réflexion tout en respectant le libre arbitre de chacun.
Ce que je veux dire aussi, c’est que la grande majorité des personnes qui sera touchée par la maladie s’en sortira sans dégâts, c’est certain. Mais de cette dure épreuve, il faudra être capable d’intégrer les conséquences d’un système économique pervers que nous n’avons finalement jamais rejeté ou alors du bout des lèvres. Il est inéluctable que pour son bien-être, l’humanité laisse et laissera sur la terre la trace physique des différentes vies qui la composent, cependant rendre cette trace la plus la plus discrète possible devrait être son obsession.
A toutes et tous, notre Présidente et le bureau de l’ARGV, vous souhaitent le meilleurs pour les semaines à venir. Que la force et la solidarité vous accompagnent toutes et tous, tout au long de ce douloureux et étrange printemps ensoleillé.
Dominique Sidrac