Edito

Sans la santé, la liberté n’existe pas.

Le coronavirus nous hante. Cette pandémie est le résultat d’une mondialisation inadaptée. La façon d’occuper notre planète, nos mœurs sont la cause de ce désastre. On me rétorquera que la peste bubonique, la grippe espagnole n’étaient pas issues des temps modernes. Certes non, mais à contrario de ce que nous possédons aujourd’hui, le savoir et les armes pour éviter ces épidémies n’existaient pas.

Les progrès faits depuis un siècle, nous ont rendus trop sûrs de nous, nous nous pensions invulnérables. Nous venions à bout des maladies et beaucoup de ceux qui étaient encore affectés par elles, ne rentraient pas dans le cadre de l’économie libérale qui ne cherche que la rentabilité et le profit. Ce que nous subissons aujourd’hui doit être un enseignement sur nous-mêmes et nos mœurs. L’humanité reste fragile, encore plus que par les siècles passés, le drame est que tout a été fait pour nous faire oublier cette fragilité. Le culte du corps ‘’bien fait’’ n’est qu’un leurre quant à l’augmentation de la durée de vie, comme à la résistance aux maladies. La seule réalité produite, est la progression de l’individualisme au détriment de la collectivité.

La globalisation de l’économie, les mœurs de nos sociétés, nos idéologies sont fondées sur une forme de démesure, de toute-puissance, consécutives à l’oubli de notre corporalité. La vie dans sa globalité n’est pas le seul fait d’avoir un corps et d’être mortel, elle intègre la prise en compte de la matérialité de l’existence et de sa dépendance aux conditions environnementales. Ceci signifie que la destruction progressive de la planète par le truchement de nos modes de vie, est aussi la destruction lente de l’humanité. Les bouleversements planétaires qui résultent du développement démesuré que nous avons choisi, nous fragilisent un peu plus chaque jour.

Nous sommes aujourd’hui étonnés de notre propre vulnérabilité. On redécouvre que nous avons besoin des autres donc de solidarité. Le paradoxe est que cette solidarité nous commande actuellement de ne rien faire, que de rester chez soi. D’un seul coup nous ne choisissons plus, nous ne décidons plus, nous ne pensons plus qu’à l’altération possible de notre corps.

Cette dramatique pandémie montre que nous sommes dépendants les uns des autres et nous fait reprendre conscience de cette dépendance.
Mais prendrons-nous conscience de notre vulnérabilité et deviendra-t-elle une force ? La vulnérabilité est une fragilité, aussi reconnaître que nous sommes dépendants les uns des autres conditionne notre responsabilité. Seule l’expérience de nos limites, de notre vulnérabilité et de notre interdépendance, peut nous conduire à nous sentir concernés par ce qui arrive à autrui, et donc responsables du monde dans lequel nous vivons.
Plutôt que des lois régulatrices, une éthique doit se construire en nous et habiter notre conscience.
Ceux qui se gargarisaient de valeurs boursières s’aperçoivent aujourd’hui que tous les puissants qui manipulaient les chiffres, donnaient des notes de bonne conduite aux nations (agences de notation), etc., ne sont plus rien. A terre, ils sont à terre, se demandant par quels nouveaux tours ils pourront reconstruire leurs fortunes. Non, l’économie ne passe pas avant la santé, elle est dépendante de la santé. Car ce ne sont pas seulement les choses très froides et très maîtrisées qui font tourner le monde, c’est avant tout la qualité de l’air que nous respirons et des aliments que nous consommons. Ce virus nous rappelle que la santé est la condition première de la liberté.
Bien sûr après cette crise il y aura tout un apprentissage à faire, il y aura des sacrifices à faire dans les déplacements, la consommation, le mode de vie. Les gens vont-ils renoncer à leur voyage au bout de la terre après avoir constaté la baisse massive de CO2 provoquée par les avions cloués au sol ? Comment allons-nous nous épanouir entourés de milliards d’individus sans pour autant rompre l’équilibre écologique et sanitaire.

Posons-nous dès maintenant les bonnes questions.
Dominique Sidrac

 

 

 

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