Des études montrent que le nombre de sexagénaires doublera d’ici sept à huit ans. L’âge de la retraite doit être repensé ainsi que le système de fonctionnement des caisses de retraites. A terme, et tel qu’il est aujourd’hui, le 2ième pilier est menacé de rupture. Les économistes jonglent avec le taux technique, le taux de conversion et d’autres critères encore pour maintenir à l’équilibre les caisses de pensions. L’exercice n’est pas simple et finit par irriter les populations actives contraintes de faire davantage d’efforts financiers pour maintenir cet équilibre.
Seulement cet état de fait contribue à marginaliser de plus en plus les personnes qui perçoivent des rentes. Insidieusement on remet sur le métier ‘’l’âgisme’’. Ce terme barbare s’apparente tout à fait à ce qu’on veut montrer à une société active et jeune, le fardeau de la vieillesse.
On connait les discriminations qui sont par essence des traitements défavorables ou inégaux comparés à d’autres personnes. 23 critères discriminatoires ont été recensés par l’OMS, (couleur de peau, handicap, âge, etc.), cependant aucune discrimination ne prévaut sur une autre c’est-à-dire qu’il n’y a pas contrairement à la religion, de discriminations vénielles.
Suivant la courbe ascendante de l’espérance de vie, l’incidence de la discrimination envers les personnes âgées gagne du terrain dans le monde. Dans une enquête de l’OMS faite dans 57 pays différents, il apparait qu’environ 60 % des personnes interrogées estiment que les personnes âgées sont peu respectées. Pire, la vision négative qu’on leur porte les persuade d’être un fardeau pour la société.
Selon John Beard, directeur du vieillissement et du parcours de vie à l’OMS, arrêter de définir les gens par leur âge mènerait à des sociétés plus prospères, plus équitables et plus saines. Il estime aussi que les personnes âgées ne devraient plus être contraintes à prendre leur retraite.
- « A l’image de ce qui se passe avec le sexisme et le racisme, il est possible de modifier les normes sociales. Pour aller dans le sens d’une société équitable et respectueuse, il est grand temps de sortir de ce prisme discriminant.’’
Dans cette vision négative de l’âgisme, les plus véhéments semblent considérer la vieillesse comme une pandémie contre laquelle il faut lutter. Certes, personne ne peut nier qu’elle en est une, mais ce qui semble être oublié c’est l’inoculation inéluctable de la maladie dont se charge une certaine entropie.
Il est absurde de décider qu’une date butoire en l’occurrence celle d’un anniversaire précipite sans transition, un individu dans une société marginale à celle à laquelle il appartenait précédemment. Les capacités intellectuelles ne se mesurent pas à l’aune du peu d’années vécues.
Si l’eugénisme semble habiter certains esprits et c’est peut-être être une doctrine qui prendra forme dans les années futures, alors dans le respect de ses caractéristiques la logique voudrait qu’on écarte des responsabilités celles et ceux qui sont ou ont pu être affectés par une maladie autre que celle de l’âge.
Comme dit précédemment, nous sommes conscients du déséquilibre aujourd’hui entre rentiers et actifs. Peut-être le destin de l’homme est-il d’avoir une vie brève mais fiévreuse, excitante et extravagante, plutôt qu’une existence longue finissant quoiqu’on en dise dans la monotonie. Il semblerait que cette vision des choses traverse déjà certains esprits.
Sans autres formes de procès nos représentants retraités ont été évincés du conseil de fondation de notre caisse de pensions et nous considérons cela aujourd’hui comme un acte discriminatoire.