Edito

Les plaisirs de Décembre.

Noël arrive à grands pas. Pour chacun d’entre nous quelle que soit notre confession ce dernier mois de l’année revêt ce costume rouge vif à parements blancs symbole des festivités et des cadeaux. Décembre est bien le mois du plaisir d’offrir ou de recevoir. L’un ou l’autre apporte le même engouement, le même plaisir même si celui d’offrir nous entraîne vers un imaginaire souvent plus durable que celui de recevoir. Au bout du compte il y a invariablement le plaisir et c’est tant mieux.

‘’Tout plaisir est un bien’’ disait Epicure et Voltaire complétait ‘’le plaisir est l’objet, le devoir et le but de tous les êtres raisonnables’’. Vivre sans plaisirs serait ne pas vivre puisque le plaisir est associé à la satisfaction de nos besoins physiologiques. Il est la récompense aux efforts que nous avons à déployer pour manger, boire, nous reproduire mais il n’est pas qu’une gratification il est aussi une voie d’accès au monde, le moyen d’enchanter notre rapport au quotidien, à la nature, à la nourriture, au corps et aussi à d’autres choses comme le partage, la découverte. Les offrandes de plaisirs fondent le lien sociale et soude ‘’le vivre ensemble’’. Sans le plaisir et le partage du plaisir, la vie humaine serait morose. Mais il faut rester attentif au plaisir car il peut nous asservir, nous rendre dépendant et nous pousser à confondre bonheur et plaisir. Le plaisir est une force qui demande à être domestiquée d’où la nécessité de moments de compréhension, de recul à la lumière de notre vie intérieure. Dans cet ordre d’idées nous ne devons pas dépendre d’une seule source de plaisir par le fait qu’il existe sous mille et une forme. Subtile ou intense, il peut être poétique ou trivial, manuel ou intellectuel comme le plaisir d’apprendre ou de comprendre, le plaisir des commencements ou celui des recommencements. Citons Raymond Radiguet dans un passage du ‘’Diable au corps’’.

  • La saveur du premier baiser m’avait déçu comme un fruit que l’on goûte pour la première fois. Ce n’est pas dans la nouveauté, c’est dans l’habitude que nous trouvons les plus grands plaisirs.

L’intelligence de la vie c’est d’accueillir tous les plaisirs sans les hiérarchiser et de toujours s’en réjouir. Prenons soin de ne pas rester aux seuls plaisirs mais élargissons nos horizons et nos ambitions. Réduire notre vie aux seuls plaisirs serait l’appauvrir car envers les autres il peut devenir un souci de morale s’il arrive à détruire ou faire souffrir. C’est pourquoi nous devons avoir une certaine force, une foi, pour être prêt à lâcher prise c’est-à-dire à s’abandonner à quelque chose de plus grand et de plus fort que nous. Le plaisir n’est pas borné ni limité pour qui a les yeux et le cœur grand-ouvert. Dans ma jeunesse j’avais toujours quelques réticences à aller déjeuner chez une grand-mère mauvaise cuisinière mais le mauvais moment du repas terminé, quel plaisir de comprendre toute l’affection que mon sacrifice véhiculait. D’autres plaisirs peuvent aussi être latents comme la guérison de son corps affecté par une maladie, quel plaisir de sentir que tout est réparé.

Dans ‘’Le Prophète’’ Khalil Gibran écrit,

  • Le plaisir est un champ de liberté mais il n’est pas la liberté.

En effet il peut même être la négation de la liberté en nous menant à la dépendance ou à la superficialité, sauf si pour ce plaisir, notre vie intérieure nous aide à l’enrichir ou à l’approfondir.

En ce mois de Décembre, je souhaite que vous preniez beaucoup de plaisir à faire plaisir.

DS

 

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