Edito

Le mal des réseaux sociaux

 

‘’Les enfants sont sans pitié’’, c’est en tous cas ce qu’affirmait La Fontaine. En gardant cette pensée quelque part dans sa tête on arrive un peu à comprendre pourquoi les réseaux sociaux font tant de dégâts parmi nos jeunes gens mais aussi parmi d’autres moins jeunes. Point n’est besoin d’être sociologue de grande lignée pour déceler chez les jeunes l’addiction réelle à l’usage des réseaux sociaux. Pour les spécialistes elle est aussi captive que celles qui régissent fumeurs et parieurs.

Alors pourquoi un tel engouement ?

La réponse, Balzac nous la communique dans sa ‘’Comédie Humaine’’. Exister est le maître mot. On veut exister pour combler un vide et aujourd’hui tout le monde peut exister depuis que sa propre mise en scène, son propre théâtre,  sont un exercice d’une facilité déconcertante grâce aux réseaux sociaux. Et puis le sort fait qu’on peut être vu par des millions d’individus. Avant internet seuls les talents ou grands criminels brisaient l’anonymat. Aujourd’hui ces derniers n’auront peut-être pas la chance d’être consultés autant de fois qu’un simple quidam sur Facebook un peu en veine. De là, la mise en scène est permanente du fait qu’on pourrait rater quelque chose susceptible de déclencher la frénésie des ‘’likes’’. Le fait de pouvoir exister potentiellement devant des milliards de personnes marque les esprits. Alors c’est un peu la course aux ‘’likes’’. A y regarder de plus près les réseaux sociaux constituent un miroir déformé, qui permet de se représenter sous le jour qui nous convient. Un bon moyen de sublimer sa vie, et de montrer à ses contacts une version idéalisée de soi. Quel bonheur d’avoir été suivi ou vu des milliers de fois. Les influenceuses démontrent que point n’est besoin d’avoir le moindre talent pour être reconnu dans la rue d’autant que la monnaie vient conforter le sentiment de grande existence.

Toutefois comme au loto, on est rarement gagnant et là, selon le psychisme la baffe ressentie sera plus ou moins cinglante et pourra rendre l’individus morose voire dépressif, tout simplement parce que ‘’l’envie’’ habite son esprit mais ne se concrétise pas. Cette phase atteinte les réactions seront diverses. Laisser tomber et vivre sa douleur ou développer un esprit de vengeance. La catharsis s’exprime pleinement. La purgation de sa passion est de faire payer à l’autre ce qu’on n’a pas réussi. La diffamation devient la vengeance idéale et facile. Une déception amoureuse, un travail non réussi, une gueule qui ne revient pas, (rappelons-nous la citation de La Fontaine) tout est bon pour faire mal. De toutes façons, on n’aime pas les gens plus heureux que soit, et on a maintenant les moyens d’entraver leur bonheur. Ne cherchons pas longtemps l’origine des drames issus des réseaux sociaux qui alimentent les faits divers.

Les jeunes sont parfaitement conscients du potentiel de nuisance des réseaux sociaux mais la crainte de manquer un évènement conforte leur addiction.

L’existence sans la reconnaissance a t-elle un sens ? Vaste sujet mais que fait-on ? Laisse-t-on Zuckerberg, Bezos, Musk nous asséner leur réponse ?

DS

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