Edito

Peur de l’IA ?

Une communication sur intelligence artificielle (IA) a dernièrement retenu mon attention. Un progrès rend capable l’IA de traduire l’activité cérébrale et de transformer les pensées en un flux continu de texte. On ne va pas s’attarder sur le modèle d’IA basé sur GPT1 d’OpenAI qui permet cette performance et qui est en tous cas pour moi, de l’hébreu. Concrètement, il suffit que des volontaires écoutent ou imaginent une histoire en silence pour que l’IA la reconstruise avec une précision étonnante. Ainsi l’avenir s’éclaircit pour les personnes muettes qui n’auront plus qu’à penser une phrase pour qu’un capteur en matérialise les paroles. Cela tiendrait-il du miracle ? De prime abord c’est merveilleux mais je me souviens d’un sonnet de Ronsard, « Il ne faut s’ébahir, disaient ces bons vieillards. Dessus le mur Troyen, voyant passer Hélène… » Non, je ne m’ébahis pas du tout, bien au contraire. En raisonnant on peut vite conclure que ce qui marche dans uns un sens, marche forcément de l’autre. Pourquoi ce fameux capteur qui collecte les idées n’en émettrait-il pas à son tour ? Alors, pigé ? Musk ou Bezos n’ont plus qu’à organiser un référendum mondial avec comme question posée, « Me voulez-vous comme Président de la planète Terre ? » Dans notre esprit la réponse ‘’oui ‘’ sera inscrite grâce à ce progrès. L’exemple est bien entendu primaire, mais d’autres idées nous serons inculquées malgré nous. Ne plus pouvoir émettre ses propres idées, c’est-à-dire devenir un humanoïde, c’est ce qui nous pend au nez. J’ai bien peur que ce progrès caché, ne soit qu’une brèche où va s’engouffrer l’humanité pour aboutir à sa déshumanisation.

Le conditionnement, voilà la finalité. On pourra me rétorquer que nous sommes déjà conditionnés. Oui, bien entendu, dans la mesure où les civilisations, les sociétés, les religions, l’éducation sont des conditionnements autrement dit, des bourrages de crânes. J’ai défini dans un article précédent le cerveau comme étant un morceau de pâte à modeler prenant la forme des idées avec lesquelles on le pétri. L’existentialisme de Sartre prend ici tout son sens. La grande différence est que ces institutions qui s’emparent de notre esprit dès notre plus jeune âge, le font généralement pour le bienfait de l’humanité (évidemment des exceptions comme le nazisme ou autres dérives, confirment la règle). Elles le font pour canaliser nos ardeurs, pour contrer notre instinct animal. Elles le font aussi pour une évolution positive de l’homme sur terre, pour ce qu’on croit être le bien ou le mal, et c’est tout à l’honneur de l’homme. Le progrès ne doit pas être la déshumanisation des êtres même si l’argumentation majeure est la suppression des souffrances dues à la maladie ou au travail. Avoir son libre arbitre est ce pourquoi les luttes sont quasi permanentes. L’esclavage physique est un fléau mais l’esclavage intellectuel est la pire des soumissions. Oui, franchement aujourd’hui je crains le progrès. Il n’est compris que par une toute petite élite qui est aussi la seule à pouvoir le manipuler et par voie de conséquence à manipuler l’humanité.

Dans l’Olympe de l’intelligence artificielle, quel avenir nous prépare Musk et Bezos ?

DS

 

Vous pourriez également aimer...